Ombres de mes livres

 

… où j’ai cherché à esquisser les silhouettes des 
premiers possesseurs de mes livres anciens.
 
 
 
André Potier de Novion, marquis de Grignon  
(1711-1769)
Le livre :



Almanach royal

pour l'année MDCCXXXIV

 à Paris, chez la veuve d'Houry, 1734


 


 
 
Le fer du possesseur :


Ecu timbré d’une couronne ducale   :

« D’azur à trois mains dextres apaumées d’or posées 2 et 1, au franc-quartier échiqueté d’argent et d’azur. »


Sur l'autre plat les armes de la Ville de Paris :


Ecu timbré d’une couronne antique :

« De gueules à la nef équipée et habillée d'argent voguant sur des ondes du même, au chef d'azur semé de fleurs de lys d'or  »





André IV Potier de Novion,
marquis de Grignon  
(Paris, 22 Janvier 1711 - château de Grignon, 17 octobre 1769)

Seigneur de Courances, Saint-Germain de Morainville, La Grange-du-Bois et Thiverval


Avocat en la cour
Conseiller du Roi en ses conseils


Président à mortier au Parlement de Paris

Chevalier des Ordres du Roi


Extrait du Grand Armorial de France établi par d'Hozier
Dernier descendant mâle d'une grande famille de parlementaires
Le président à mortier :

Suivant en cela la tradition de sa famille, André IV Potier de Novion fait carrière au Parlement de Paris.

"Advocat en la Cour", il est reçu le 22 décembre 1729 comme conseiller au Parlement. Cette promotion avait été obtenue par son grand-père, André III, ancien Premier président du Parlement. A cette occasion André III Potier de Novion agit maladroitement :
« Aussi disoit-on que Mr de Novion, cy-devant Premier président, avoit fait les choses gauchement et malhonnestement, n’ayant jamais esté voir personne de la compagnie, ce qu’il auroit dû faire ».

En 1732 André IV Potier de Novion devient président à mortier au Parlement de Paris. L'office de président à mortier est l'une des charges les plus importantes de la justice française de l'époque. Au nombre de dix ils siègent dans la principale des chambres du Parlement, la « Grand'Chambre ». Ils portent une toque de velours noir bordée d'or, le mortier. Le Premier président du Parlement est choisi parmi eux.
Louis XV signe son contrat de mariage  :

En 1739 Potier de Novion épouse Anne Remiette Sophie Langlois de la Fortelle.
 
Son contrat de mariage, daté du 29 novembre, est signé par le Roi, la Reine et les principaux membres de la famille royale. S'y ajoutent les signatures du cardinal Fleury, du chancelier d'Aguesseau et de hauts représentants de la magistrature. Ces participations montrent la haute position atteinte à cette époque par les Potier de Novion.

Le contrat de mariage attribue à Potier de Novion des avantages substantiels : 12 442 livres de rente, une dot de 90 000 livres et une avance sur la succession de 200 000 livres. A cela s'ajoute l'engagement de loger et nourrir le jeune couple dans son hôtel durant cinq ans; ce qui sera le cas puisque Potier de Novion quitte son hôtel de la rue de Vaugirard pour s'installer chez son beau-père rue des Francs-Bourgeois.


 
Les deux beaux-pères :

Lors de son mariage de 1739, le beau-père de Potier de Novion est Robert Langlois de la Fortelle, seigneur de la Fortelle en Brie et d'autres terres en Hurepoix (ancien pays au sud de Paris). Il est président en la Cour des comptes de Paris.

Anne Langlois de la Fortelle étant décédée deux ans après son mariage, Potier de Novion se remarie le 23 février 1747  avec Marie Philippe Taschereau de Baudry, fille d'un  ministre richissime.


Le père de la nouvelle épouse est Gabriel Taschereau, seigneur de Baudry, originaire de Tours. Membre des Conseils royaux des finances et de commerce sous la Régence, il devient lieutenant général de la police de Paris de 1720 à 1722. Maître des requêtes, il est nommé Conseiller d'Etat en 1740. A sa mort en 1755 il laissera une fortune de plus de deux millions et demi de livres.
Des droits issus du duc de Bretagne  :

Curieusement Potier de Novion, possessionné à proximité de Paris, tient une partie de ses droits féodaux des anciens ducs de Bretagne.

Un arrêt rendu en sa faveur en 1766 concerne le fief du Buc relevant de son marquisat de Grignon.

Ce fief était inclus précédemment dans la baronnie de Neauphle-le-Château qui relevait du comté de Montfort-l'Amaury. Et les comtes de Montfort étaient les ducs de Bretagne avant le rattachement du duché à la France.


C'est pourquoi l'arrêt de 1766 fait référence aux aveux et dénombrements rendus le 26 juin 1479 par François II, duc de Bretagne et comte de Montfort.

Il indique le montant des droits à percevoir :
  • de levée pour chacune homme qui s'en va demeurer hors de la dite terre,
  • de coutume sur toutes les bêtes vendues en la dite terre,
  • de forage sur tous ceux qui vendent vin en la dite terre,
  • de rouage sous tous ceux qui charroyent vins cidres et autres breuvages en la dite terre,
  • de voirie et de contraindre ceux qui ont terre, de vider les chemins et de les mettre en état qu'on y puisse aller et venir,
  • de mesure que ne peuvent nuls vendre breuvages, ni grain en la dite terre à boisseau, minots, pintes, chopines, sans être étalonnés et marqués de ses armes,
  • de mesureur juré pour mesurer terres.
  • Le château de Grignon :

    En 1582 le chancelier Pomponne de Bellièvre achète le domaine de Grignon (dans l'actuel département des Yvelines) à Diane de Poitiers.

    Son petit-fils Nicolas construit le château sous sa forme actuelle. Le 12 mai 1682, Pierre de Bellièvre vend à André III Potier de Novion, le grand-père d'André IV qui en hérite.

    Situé au cœur d'un parc de 300 hectares clos par un long mur, le château en forme de U est de style Louis XIII, avec un parement de briques et de pierres.

    En août 1758 Potier de Noyon, n'ayant pas de descendant mâle, vend sa charge de président à mortier et se retire probablement dans ses terres. C'est au château de Grignon qu'il meurt en octobre 1769.
    Le château de Courances :

    Potier de Noyon est le fils d'Anne Marguerite Catherine Gallard, Dame de Courances.
    Il hérite de sa mère le château de Courances dans le Gâtinais.

    Vers 1650 l'oncle d'Anne, Claude Gallard, seigneur de Poinville et de Semonville, fait bâtir un château de plan "en H" qu'Anne met au goût du jour en ouvrant la cour d'honneur.

    Le château de Courances est, après Grignon, la principale résidence provinciale de Potier de Novion. L'une de ses filles en bénéficiera après sa mort.
    L’hôtel du quartier du Marais :

    Avant de se marier Potier de Novion habite rue de Vaugirard à Paris.

    Comme prévu en 1739 par son contrat de mariage il vient habiter ensuite chez son beau-père rue des Francs-Bourgeois dans le Marais où il ne reste que jusqu'à l'année suivante.

    Sans quitter le quartier du Marais il s'installe en 1740 à l'hôtel de Croisilles, rue du Parc-Royal, où il reste jusqu'en 1755. Il va demeurer ensuite rue de la Cerisaie.


    L’hôtel de Croisilles, où Potier de Novion vit pendant quinze ans, est une sobre demeure datant du XVIIe siècle. Cet hôtel entre cour et jardin est bâti vers 1620 pour Nicolas de Croisilles, conseiller du roi et intendant du duc d’Angoulême. En 1647 sa veuve le cède au financier Etienne Macquart, receveur général des finances de Normandie, dont Potier de Novion est le descendant.

    Dans l’aile droite de l'hôtel de Croisilles se trouve un bel escalier d’époque Louis XV doté d’une gracieuse rampe en fer forgé.
    La famille Potier => Novion et Gesvres :

    La famille Potier, originaire de Paris, est anoblie par la charge de conseiller en la Cour des monnaies de Paris en 1475.

    Trois branches la composent :

     
  • Potier de Blanc-Mesnil (éteinte en 1704),
  • Potier de Novion, dont André IV est le dernier représentant mâle,
  • Potier de Tresmes/Gesvres.

  • La famille est connue à partir de Simon Potier, sieur de Blanc-Mesnil, qui a pour fils Nicolas Ier Potier de Blanc-Mesnil, marchand apothicaire, échevin de Paris, nommé général des monnaies par Louis XI en 1475.

    Nicolas III Potier de Blanc-Mesnil est président à mortier en 1578, chancelier de la reine Marie de Médicis. Son frère, Louis Potier, seigneur de Gesvres, est à l'origine des Potier de Tresmes/Gesvres.

    Le fils de Nicolas III, André Ier, conseiller au parlement de Bretagne puis président à mortier au parlement de Paris (mort en 1645), est le premier représentant de la branche des Potier de Novion qui occupent de hautes charges au Parlement de Paris.

      La branche cadette, les Potier de Tresmes/Gesvres, atteint le sommet de la hiérarchie nobiliaire en devenant duc et pair de France.

    René Potier Ier (1579-1670), marquis de Gesvres, est chambellan d'Henri IV en 1648, puis  conseiller d'État,

    Le Roi le nomme duc et pair de Tresmes en 1663.

    La famille des ducs de Tresmes s'éteindra par la mort sous la guillotine en 1794 du dernier duc, Louis-Joachim.
    Sources :


    > Contrat de mariage

    > Page Wikipédia de la famille Potier


    > Parlement(s) de Paris et d'ailleurs (XIIIe-XVIIIe s.)

    > Journal historique sur les matières du temps


    > Monographie de Marcq

    > Château de Grignon (1)

    > Château de Grignon (2)

    > Château de Courances

    > Hôtel de Croisilles


    > Dictionnaire de la noblesse, Langlois de la Fortelle

    > Page Wikipédia Taschereau de Baudry

       
    Les textes et documents utilisés dans cet article proviennent des sources mentionnées ci-dessus. Je me suis efforcé de n’utiliser que des éléments qui font l’objet d’une diffusion publique mais, s’il apparait à l’un des propriétaires de textes ou d’images que j’enfreigne ses droits, je le remercie de le signaler ; cela sera retiré immédiatement



    Créer un site
    Créer un site