Ombres de mes livres

 

… où j’ai cherché à esquisser les silhouettes des 
premiers possesseurs de mes livres anciens.
 
 
 
Nicolas Roujault, seigneur de Villemain
(1662-1723)

Le livre :

Charles Perrault :
Paralelle des anciens et des modernes


à Paris, chez Jean-Baptiste Coignard, 1696

 
Le fer du possesseur :


Ecu timbré d’une couronne de marquis, supporté par deux aigles :

« D’or à trois billettes de gueules, au chef d’azur chargé de trois étoiles d’or »

 




armes de Nicolas Roujault et de son épouse
Armorial de France, d'Hozier

 
Nicolas-Estienne Roujault
seigneur de Villemain
(15 août 1662, Paris  -  6 mai 1723, Paris)

Maître de requêtes de l’Hôtel du Roi

Conseiller des affaires intérieures du royaume


Intendant à Bourges, Valenciennes,
Poitiers et Rouen


Membre du Conseil de Régence (commerce)
sous la minorité de Louis XV

 
L'intendant et sa femme entreprenante.
Magistrat et intendant :

Nicolas Roujault est membre d'une famille de bourgeoisie parisienne connue depuis le XVIe siècle, anoblie par charge de secrétaire du roi en 1607.

Il devient successivement avocat du Roi au Châtelet le 23 janvier 1686, conseiller au Parlement le 21 mars 1689, maître des requêtes le 39 janvier 1696.

Il est nommé intendant en Berry (1699-1705), en Hainaut (1705-1708), en Poitou (1708-1712) et à Rouen (1712-1715).

A Rouen, il s'intéresse notamment aux mesures sanitaires d'isolement, nécessaires dans les ports de Rouen et du Havre pour éviter les épidémies et à la manufacture de draps des Andelys.

Comme ses prédécesseurs mais avec, semble-t-il, un zèle particulier, Roujault fait arrêter à Rouen des jeunes filles protestantes pour les confier à la maison des Nouvelles-Catholiques gérée par des religieuses.
Membre des conseils de Régence :

En septembre 1715 Louis XIV meurt et un ensemble de conseils de Régence se met en place durant la minorité de Louis XV.

Dans le cadre du système de la polysynodie, Nicolas Roujault entre au Conseil des affaires du dedans du Royaume. Son département au Conseil du dedans comprend le Berry, la Normandie, le Périgord, le Rouergue, le comté de Foix, la Picardie et le Boulonnais. Il est aussi en charge des projets de canaux.

Il est aussi nommé commissaire au Conseil de commerce comme représentant du Conseil du dedans

Après la chute de la polysynodie en septembre 1718, il reste au Conseil de commerce, et y reçoit la charge d'un département qui comprend les entreprises et manufactures de provinces : le Berry, la Normandie, le Rouergue et le comté de Foix.

Nicolas Roujault obtient en 1720 des lettres d'honneur de maitre des requêtes. Il siège au Conseil de Commerce jusqu'à son remplacement par le Bureau du commerce en 1722. Il meurt à Paris le 6 mai 1723.
Dans l'entourage de Fénelon :

L'épouse de Nicolas Roujault, Barbe-Madeleine Maynon, Dame de Chambon et de Chef-Boutonne, fait partie du "petit troupeau" qui entoure Fénélon, archevêque de Cambrai.

Fénelon s'inquiète de sa santé dans une lettre de 1707 à son mari et lui offre même "si elle veut passer à Cambrai un lieu où elle sera la maîtresse sans avoir besoin de se contraindre".

En 1711, Fénélon intervient auprès de Barbe Maynon pour qu'elle utilise le crédit de son mari en faveur de l'abbé Dubois, le futur cardinal et premier ministre de Philippe d'Orléans : " Il me semble, Madame, que je reconnaîtrais mal vos bontés pour moi, si j'en doutais après tant d'expériences. Souffrez donc, s'il vous plaît, que je vous montre une pleine confiance pour une grâce que je dois vous demander. M. l'abbé Dubois, autrefois précepteur de Mgr. le duc d'Orléans, est mon ami depuis un grand nombre d'années. J'en ai reçu des marques solides et touchantes dans les occasions : ses intérêts me sont sincèrement chers. Je compterai, Madame, comme des grâces faites à moi-même toutes celles que vous lui ferez. Il a une affaire importante, où vous et M. Roujault pouvez lui être très utiles... "
Demande de séparation pour non-consommation de la dot !

En 1716 Barbe Maynon avait obtenu du Châtelet de Paris une sentence de séparation pour un motif curieux : non-consommation de sa dot alors que les dépenses considérables de ses intendances avaient endetté Nicolas Roujault.

En appel le Parlement, par son arrêt du 11 août 1718, déboute la dame de sa demande de séparation et juge "que ces dépenses considérables faites dans des emplois publics et pour le service du Roi, et ce à défaut d'emploi des deniers dotaux, qui avoient un principe si légitime, n'étoient point une cause de séparation".
Seigneur de Villemain :

Le fief de Villemain (Grisy-Suisnes, Seine-et-Marne) est détenu au XVIIème siècle par Nicolas Pinon, premier président du Bureau des finances, gouverneur de Brie-Comte-Robert.

Le titre de seigneur de Villemain passe à Etienne  Roujault, auditeur à la Cour des comptes, père de Nicolas.

Le château sera ensuite la propriété de Jean Nicot, l’importateur du tabac en France.

Le château, restauré dans le style de Louis XIII, existe encore et héberge actuellement des intégristes musulmans.
Grand-père de Malesherbes :

Par le mariage de sa fille Anne-Elisabeth avec le chancelier de France, Guillaume de Lamoignon, Nicolas Roujault est le grand-père de Malesherbes.

Chrétien-Guillaume de Lamoignon de Malesherbes est un magistrat, botaniste et homme d’État français, particulièrement connu pour le soutien qu'il apporta, en tant que chef de la censure royale, à la publication de l'Encyclopédie de Diderot et d'Alembert. Il devint ministre et secrétaire de la Maison du Roi en 1775 puis membre du Conseil du Roi en 1787. Il fut un des défenseurs de Louis XVI à son procès et fut guillotiné en décembre 1793.
Sources :

Eugène Olivier, Georges Hermal, Robert de Roton : Manuel de l'amateur de reliures armoriées françaises, planche  1147

> Page Wikipédia

Conseil de commerce et Bureau du commerce 

> Traité de la communauté entre mari et femme

> Journal des principales audiences du Parlement

> Mémoires de Saint-Simon

Douanes – Échéance, 1835

Œuvres de Fénelon
 
Essais historiques et statistiques sur le département de Seine
 
Généalogie de Malesherbes


> Château de Villemain

> Joannis Guigard : Armorial du bibliophile, Bachelin-Deflorenne, 1870, volume 1, page 189



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