… où j’ai cherché à esquisser les silhouettes des premiers possesseurs de mes livres anciens.
Madame Elisabeth, soeur de Louis XVI (1764-1794)
Deux livres aux armes de Madame Elisabeth :
Abbé Proyart : Vie du Dauphin, père de Louis XVI
à Paris, chez Berton... , 1778
La biographie du Dauphin dans la bibliothèque de sa fille.
Prince de Beaumont : Magasin des adolescentes
à Paris, par la Compagnie des Libraires , 1776
Ce livre porte la marque de la bibliothèque de Montreuil.
Les deux fers de Madame Elisabeth :
Ecu losangé (demoiselle) timbré d’une couronne de prince français :
« D'azur aux trois lys d'or »
(armes des Filles de France)
Élisabeth-Philippine-Marie-Hélène de France
Madame Elisabeth
(Versailles 3 mai 1764 - Paris 10 mai 1794)
Fille de France
Fille du Dauphin Louis-Ferdinand, fils de Louis XV
Soeur du roi Louis XVI et des futurs rois Louis XVIII et Charles X
Soeur de la future reine de Piémont-Sardaigne
Le destin tragique de la soeur de Louis XVI.
La soeur de trois rois de France :
Madame Elisabeth est la plus jeune fille du dauphin Louis Ferdinand, fils de Louis XV, et de Marie-Josèphe de Saxe. Elle a un an quand elle perd son père, et trois ans à la mort de sa mère.
La princesse est la soeur de trois futurs rois de France : le duc de Berry (Louis XVI), le comte de Provence (Louis XVIII) et le comte d'Artois (Charles X).
Elle est aussi la soeur d'une future reine de Piémont-Sardaigne, Clotilde de France, qui épouse le prince de Piémont, futur Charles-Emmanuel IV de Savoie.
Ne pouvant se marier qu'à un prince de rang royal, et ayant refusé d'épouser l'empereur Joseph II, Madame Elisabeth ne peux pas trouver d'époux.
Bien que dévote elle n'a pas de vocation religieuse. Elle refuse donc de devenir abbesse de Remiremont.
Elle ne quittera jamais la famille royale.
Le pavillon de Montreuil :
Madame Elisabeth a 19 ans quand Louis XVI lui offre en 1783 le domaine de Montreuil, non loin du château de Versailles.
Cette ancienne propriété des Rohan-Guéméné est située dans un parc de 7,2 hectares aménagé dans le goût anglo-chinois (grotte factice, cours d'eau, cascade, pont, etc.).
De 1784 à 1789, les bâtiments sont aménagés dans le style néo-classique. Des corps de logis à deux niveaux sont élevés. Le pavillon comprend notamment une chapelle sur plan circulaire avec éclairage zénithal, un boudoir turc et une belle orangerie.
Madame Elisabeth s'y rend chaque jour, quand elle le peut, entre 1783 et 1789 mais elle n'y dort pas. En effet le roi lui interdit d'y dormir jusqu'à sa majorité fixée à 25 ans.
Attentive au sort des habitants du village, elle établit un dispensaire dans une pièce de la maison. Pendant le terrible hiver de 1783-1783 elle accueille les pauvres de Montreuil dans son orangerie.
Les bibliothèques de Madame Elisabeth :
Madame Elisabeth possède une première bibliothèque au palais de Versailles.
Une seconde est installée au pavillon de Montreuil. Les livres de sa résidence portent sur leurs reliures, en plus des armes, la mention "Montreuil".
Chamfort, son bibliothécaire imposé par le Roi, place parmi ses livres des romans qui ne l'intéressent pas.
En plus des livres de religion sa préférence va aux livres d'histoire et de politique, dont elle possède 2.075 volumes. Elle est aussi intéressée par la navigation comme son frère. Sa bibliothèque de Montreuil accueille des écrits de voyages, atlas maritimes et traités de mathématiques. Des Voyages de Cook à ses armes ont été conservés.
A la différence des autres membres de la famille royale qui usent de reliures en maroquin richement décorées, Madame Elisabeth se contente de simples reliures en veau, sans autre décor que son fer.
A l'épreuve de la Révolution :
La Révolution débute en 1789 alors que Madame Elisabeth vient d'avoir 25 ans. En octobre la famille royale est ramenée de force à Paris. Alors qu’elle aurait pu se retirer avec ses tantes au château de Bellevue, Madame Elisabeth choisit de partager le sort de son frère aux Tuileries.
Elle défend des positions de fermeté face à la Révolution, proches de celles du comte d'Artois avec qui elle correspond régulièrement.
En juin 1792, face aux émeutiers qui la prennent pour la reine, elle ne dément pas et les affronte courageusement.
La marche vers la guillotine :
Enfermée au Temple avec la famille royale, Madame Elisabeth veille sur sa nièce, Madame Royale, après l'exécution de Louis XVI le 21 janvier 1793.
La Convention prévoit d’abord qu’ "Élisabeth Capet" soit expulsée de France. Mais, contre l'avis de Robespierre pour qui elle ne représente pas un danger, elle est traduite devant le Tribunal révolutionnaire.
Le 10 mai 1794 elle meurt courageusement sous la guillotine, la dernière d'un groupe de 25 personnes. Elle venait d'avoir trente ans.
Sources :
>Eugène Olivier, Georges Hermal, Robert de Roton : Manuel de l'amateur de reliures armoriées françaises, planche 2515
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