Ombres de mes livres

 

… où j’ai cherché à esquisser les silhouettes des 
premiers possesseurs de mes livres anciens.
 
 
 
Louis Cramoisy, libraire et conseiller-secrétaire du Roi
(1614 -
1657)

Le livre :

Claudien : Ex Optimorum Codicum Fide

à Amsterdam, chez Guihel Janssonium

1620 (édition originale)

 
La marque du possesseur :

Super-libris sur les plats :

« LVDOVICVS »  « CRAMOISY »

Initiales sur le dos du livre

 

Carte vers 1650 dédiée et aux armes de Louis Cramoisy

Louis Cramoisy
(Paris 30 janvier 1614 - 1657)

Libraire

Conseiller-secrétaire du Roi,
Maison, Couronne de France et de ses finances

Avocat au Conseil d'état et privé du Roi
Les Cramoisy, une dynastie d'éditeurs
Sébastien Cramoisy (1584?-1669), une belle carrière autour du livre :

Sébastien, le père de Louis Cramoisy, est le plus célèbre éditeur paris
ien du XVII° siècle.

Reçu libraire-imprimeur en 1606, il reprend les Deux Cigognes, la librairie de son grand-père, Sébastien Nivelle.

Homme de confiance des Jésuites, il publie des manuels à l’intention des écoliers des Collèges de la Compagnie de Jésus et détient également le privilège de la publication des ouvrages de dévotion (bréviaires, missels).

Louis XIII le nomme en 1633 Imprimeur ordinaire du Roi pour la publication des édits et ordonnances.

Libraire personnel de Richelieu dès 1614, il devient en 1640 le premier directeur de l'Imprimerie royale du Louvre. Il est choisi par le Conseil d’État en 1656 pour contrôler le dépôt des publications de la bibliothèque du Roi.

Nommé syndic de la communauté des imprimeurs, libraires et relieurs parisiens en 1628 et 1643, il devient juge consul en 1636 et 1652. Il accède au rang d’Echevin de la ville de Paris en 1639.

Sébastien Cramoisy meurt en 1669, laissant un fonds de 400 000 livres et une immense fortune.
L'édition Cramoisy, première de Paris au XVII° siècle :

Le domaine religieux est au début du XVII° siècle le premier secteur d'édition.

Sébastien Cramoisy obtient en 1630 le monopole de l’édition des œuvres des principaux Pères de l’Église, ainsi que celui des Gallicans, des Cisterciens, des Prémontrés, de l’ordre de Cluny et de l’archevêché de Paris. Cette littérature de vente rapide et sûre représente une source de profit considérable.

En plus de sa maison d'édition sous son nom Sébastien Cramoisy dirige la Compagnie des Usages pour l'édition des livres de liturgie issus du Concile de Trente, donc le plus important marché de livres religieux. Il  contrôle aussi la Compagnie du Navire qui édite les principaux Pères de l'Eglise.

En dehors du domaine religieux Cramoisy obtient en 1629 le privilège d’imprimer tous les actes de la Cour des monnaies. En 1639 il devient l'un des cinq libraires autorisés à imprimer les actes royaux.

Le libraire Cramoisy n'imprime pas lui-même. Il fait travailler pour lui seul sept imprimeurs parisiens.

De 1620 à 1690, les Cramoisy éditent plus de 2500 volumes, sans compter les actes officiels et pièces volantes, plus qu'aucun autre libraire français ou étranger de leur époque.
Louis Cramoisy, avec une charge bien utile pour l'éditeur :

Sébastien Cramoisy offre à son fils, Louis Cramoisy, deux charges royales très onéreuses :

Le 19 août 1643 Louis Cramoisy est reçu comme " Conseiller-secrétaire du Roi, Maison, Couronne de France et de ses finances ".

Et l'année suivante Louis Cramoisy devient " Avocat au Conseil d’état et privé du Roi ".

La maison d'édition Cramoisy trouve son intérêt dans l'acquisition de ces charges royales.

En effet Louis Cramoisy rédige le 12 août 1656 l'important privilège renouvelant le monopole de la Compagnie du Navire.

Et il prépare le renouvellement pour vingt ans du monopole de la Compagnie des Usages qui sera signé en 1660 après sa mort.

Comme indiqué au paragraphe précédent, Sébastien Cramoisy dirige à l'époque ces deux compagnies d'édition.

Malheureusement pour l'éditeur Louis Cramoisy décède prématurément et sans postérité en 1657, du vivant de son père. La succession de la maison Cramoisy passera au neveu de Louis : Sébastien Mabre-Cramoisy.


 
Les armes de Sébastien et Louis Cramoisy sont :
" D'argent à l'ancre de sable, au chef d'azur chargé de trois étoiles d'argent ".
S. Mabre-Cramoisy (1637?-1687), le dernier des Cramoisy :

Sébastien Mabre-Cramoisy, petit-fils de Sébastien Cramoisy, reprend la maison d'édition après le décès de son grand-père et conserve la marque "Aux deux cigognes" en la simplifiant.

En 1651 Mabre-Cramoisy succède à son grand-père comme Imprimeur ordin
aire du roi et Directeur de l'Imprimerie royale.

La grande période de prospérité de la maison Cramoisy est passée. Sébastien Mabre-Cramoisy a des difficultés à maintenir ses privilèges face à ses concurrents. Sous le règne de Louis XIV le livre religieux n'a plus une position aussi importante dans l'édition, du fait de la diffusion croissante de pièces de théâtre, de romans et d'ouvrages scientifiques. Et l'éditeur est pénalisé par la diffusion de contrefaçons sous son nom par des éditeurs de province.

Après la mort de Sébastien Mabre-Cramoisy en 1687 sa veuve, Françoise Loir, fille d'un orfèvre parisien, continue l'activité sous le nom de son mari pendant dix ans. Déclarée "sans exercice" en 1697, elle procède en 1698 à la liquidation de son officine.
Sources :
 
> Page Wikipédia Sébastien Cramoisy

> Note de l'Université de Paris 3
 
> H.J. Martin : L’édition parisienne au XVII° siècle

> Livre, pouvoirs et société à Paris au XVIIe siècle
 
> IdRef Cramoisy

> Bibliomab : L'exemple des Cramoisy

> Georges Lepreux : Gallia Typographica (Librairie H. Champion 1911), tome I, 1ère partie, pages 156 à 176

> Gilles Rousselet : Portrait de Sébastien Cramoisy, gravure de 1642


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