Ombres de mes livres

 

… où j’ai cherché à esquisser les silhouettes des 
premiers possesseurs de mes livres anciens.
 
 
 
Jean-Baptiste Colbert, ministre et bibliophile
(1619-1683)
Le livre :

Martial d'Auvergne :

Aresta amorum

Lugduni Seb. Gryphe
(Lyon, Sébastien Gryphe), 1546


La marque du possesseur :



Bien que le temps ait fait pâlir l'encre la mention "Bibliothecae Colbertinae",
écrite par Etienne Baluze, reste lisible sur la première page du livre.

Le bibliothécaire de Colbert marquait ainsi à la main les volumes de la Bibliothèque Colbertine.

 


Jean-Baptiste Colbert
(Reims 29 août 1619, Paris 6 septembre 1683)

Marquis de Seignelay, baron de Sceaux


Contrôleur Général des Finances

Secrétaire d'Etat à la Maison du Roi et à la Marine


Surintendant des Bâtiments, des Eaux et Forêts et des Postes

Fondateur de la Compagnie des Indes Occidentales

Grand Maître des Mines et Minières de France


Créateur des Académies des Inscriptions et Belles-Lettres,
de Peinture - sculpture et architecture, et des Sciences

Membre de l'Académie Française
Une prestigieuse bibliothèque.
Ministre de Louis XIV :

Recommandé à Louis XIV par Mazarin dont il gérait les biens, Colbert devient Surintendant des Bâtiments (1664), Contrôleur Général des Finances (1665), puis Secrétaire d'Etat à la Maison du Roi (1668) et à la Marine (1669).

Sa carrière ministérielle étant suffisamment connue, ne sera évoqué ici que le Colbert bibliophile et collectionneur.
Les collections de l'hôtel parisien et du château de Sceaux :
 
Colbert a deux résidences principales : un hôtel particulier de Paris et un château à Sceaux.

Rue des Petits-Champs, à l'angle de la rue Vivienne, l'hôtel Colbert est tout proche de la Bibliothèque royale et du palais Mazarin.

La bibliothèque se tient sur deux étages ayant cinq fenêtres de façade sur la cour et autant sur le jardin. La galerie où sont les livres imprimés est au rez-de-chaussée, les manuscrits sont au premier où ils occupent trois pièces. La collection des médailles est placée dans la bibliothèque.

L'hôtel présente aussi des porcelaines, des bronzes, de l'orfèvrerie et des pierreries. Il abrite des tableaux de Véronèse, l’Albane, Pierre de Cortone, Carrache, Le Brun, Jules Romain, Raphaël, Nanteuil,  Philippe de Champaigne,  Mignard,  Léonard de Vinci, etc.

En 1670, Colbert achète le château de Sceaux et charge Claude Perrault, Le Brun Girardon et Le Nôtre des embellissements. On y trouve des peintures de Feuquières, Le Maire, Blanchard, le Guerchin, un Saint Sébastien de Holbein, une copie de la Galatée de Raphaël, etc.
La troisième bibliothèque d'Europe :
 
Suivant l'exemple de son ancien protecteur, le cardinal Mazarin, Colbert réunit une des plus belles bibliothèques de France et consacre beaucoup de temps, malgré ses tâches écrasantes, à l'enrichir.

Il met en place un réseau de correspondants en province et dans toute l'Europe, chargés de découvrir les livres les plus rares.

La bibliothèque de Colbert est attestée dès 1659. Mais c'est seulement à partir de 1663 qu’elle se développe vraiment : les accroissements de livres imprimés et de manuscrits, d’abord sous la direction du mathématicien Pierre de Carcavy de 1663 à 1667, puis d’Étienne Baluze à partir de 1667, sont alors continus.

En 1662, la bibliothèque comprend déjà une partie des fonds de Le Laboureur, de Thou, Brienne, Fontenay-Mareuil, etc. Les bibliothécaires de Colbert achètent ensuite une partie du cabinet de Mathieu Molé et mille manuscrits de la collection de Thou. En même temps ils mettent à contribution les dépôts de la province, soit pour des copies, soit pour des acquisitions. La bibliothèque passe pour la troisième en Europe.

A la mort de Colbert l’inventaire des livres de la bibliothèque, comptabilise plus de 20.000 volumes imprimés et plus de 8.000 manuscrits anciens. Elle est estimée à 54.858 livres, soit 41.844 livres pour les imprimés et 13.014 pour les manuscrits.
Les manuscrits de la Bibliothèque Colbertine :
 
La partie la plus exceptionnelle de la bibliothèque de Colbert est constituée par son fonds de plus de 8.000 manuscrits anciens.

Cette collection comprend entre autres  6.117 manuscrits de sciences dont 645 orientaux et 1.000 grecs, 1.607 manuscrits collationnés des titres et archives de Guyenne et de Languedoc, 183 volumes des titres et archives de Flandre, un recueil de titres, mémoires, lettres concernant le royaume
et les affaires étrangères, en 524 volumes, 622 diplômes des rois avec les sceaux depuis Philippe-Auguste jusqu’à François Ier, et une grande quantité d’autres chartes originales.

Parmi les livres manuscrits figurent un psautier copié par Liuthard à l'école du palais de Charles le Chauve vers 860 et une somptueuse Bible exécutée pour ce même empereur vers 846 au scriptorium de l’abbaye Saint-Martin de Tours. Les deux livres offerts par Charles le Chauve à la cathédrale de Metz en 869 sont restés dans le trésor de la cathédrale jusqu'à ce qu'il soient donnés à Colbert en 1674.

En 1732 les manuscrits de la Colbertine seront acquis par la Bibliothèque royale pour un montant de 300.000 livres.
Etienne Baluze, bibliothécaire de Colbert :
 
Le jésuite Étienne Baluze (1630-1718) est un patristicien, historiographe et juriste renommé. En 1667 Colbert l'engage comme bibliothécaire, poste qu'il conservera après la mort du ministre.

Baluze recherche des fonds déjà constitués, principalement dans les institutions monastiques, qu'il essaye d'obtenir gratuitement ou à des prix peu élevés. Un exemple : entre 1677 et 1683 Baluze acquiert auprès d'abbayes cisterciennes normandes un ensemble cohérent de manuscrits datant surtout des IXe au XIVe siècles.

Pendant les 33 ans qu’il administre la Bibliothèque Colbertine, Baluze ne néglige pas son propre cabinet : il possède les carnets de Mazarin et la cassette de Fouquet, et se constitue une belle bibliothèque personnelle.

En 1670, il devint professeur de droit canon au Collège royal. C’est surtout à lui qu’on doit l’introduction en France des soupers littéraires, dont l’usage se prolongea jusqu’à la fin du XVIIIe siècle. L'activité littéraire de Baluze concerne essentiellement l'édition des pères latins de l'Église et des auteurs chrétiens du Moyen Âge.
De la mort de Colbert à la dispersion de sa bibliothèque :

Le marquis de Seignelay, fils aîné du « Grand Colbert », remplace son père à la Marine et à la Maison du Roi et devint ministre d’État en 1689. Il conserve intacte la Bibliothèque Colbertine et en laisse la garde à Baluze.

A la mort de Seignelay la bibliothèque revient au deuxième fils du Grand Colbert,
Jacques-Nicolas, abbé du Bec-Hellouin puis archevêque de Rouen.

L'héritier de l'archevêque de Rouen est son neveu, Charles-Léonor Colbert, comte de Seignelay. Peu intéressé par les livres il fait commencer, le 24 mai 1728, une vente publique des livres imprimés de la Bibliothèque Colbertine, qui compte 111 vacations sur six mois. Un catalogue en trois tomes de 18.219 articles est édité. Parmi ces livres une Bible de Mayence, de 1462, imprimée sur vélin, atteint les 3.005 livres.

Alarmés par cette vente des livres imprimés, des bibliophiles obtiennent du Roi l'acquisition en bloc, en 1732, de la collection de manuscrits de la Bibliothèque Colbertine. C'est pourquoi la Bibliothèque Nationale détient actuellement ce patrimoine inestimable.
Sources :


> Page Wikipédia Colbert

> Les Grandes Bibliothèques du clan Colbert

> Des livres et des hommes, Bibliothecae Colbertinae

> Curiositas, cabinet de Colbert

> Gallica, Catalogue de la Bibliothèque de Colbert   

> Page Wikipédia Baluze

>
Catalogue vente bibliothèque, notice de l'Ecoles des Chartes

> Blog du bibliophile, la couleuvre de Colbert

> Notice de l’institut de France


   

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