Ombres de mes livres

 

… où j’ai cherché à esquisser les silhouettes des 
premiers possesseurs de mes livres anciens.
 
 
 
Élisabeth Farnèse, reine d'Espagne
(1692-1766)
Le livre :


Sharaf ad-Din Ali Yazdi : Histoire de Timur-Bec (Tarmerlan)

à Paris, chez A. Deshayes, 1722


 
.

Un détail : Les armoiries sont entourées par les colliers du St Esprit et de la Toison d’Or alors que ces ordres n’ont jamais été conférés à des femmes. Ainsi les reines de France ne les font jamais figurer dans leurs armoiries.
Le fer sur le livre :

Ecu double timbré d’une couronne royale fermée,
entouré des colliers des ordres du Saint-Esprit et de la Toison d'Or :

à dextre : Espagne; 
à senestre : Farnèse ("d'or à six fleurs de lis d'azur posées 3,2,1").

 
Les armes d'Espagne se blasonnent ainsi sous Philippe V :
" Ecartelé : au 1, contre-écartelé de gueules au château sommé de trois tours d'or, ouvert d'azur (Castille) et d'argent au lion de gueules couronné et lampassé d'or (Léon), enté en pointe, d'or à la grenade de gueules tigée et feuillée de sinople (Grenade) ; au 2, d'or à 4 pals de gueules (Aragon), parti d'Aragon-Sicile qui est de même, flanqué d'argent à 2 aigles couronnées de sable ; au 3, de gueules à la fasce d'argent (Autriche) ; soutenu et bandé d'or et d'azur de six pièces à la bordure de gueules (Bourgogne ancien) ; au 4, semé de France à la bordure composée d'argent et de gueules (Bourgogne moderne), soutenu de sable au lion d'or lampassé et armé de gueules (Brabant) ; en pointe de ces deux quartiers, mantelé d'or au lion de sable armé et lampassé de gueules (Flandre) ; parti d'argent à l'aigle de gueules becquée, membrée et couronnée d'or, chargée sur la poitrine d'un croissant du même (Tyrol). Sur le tout, de France à la bordure de gueules (Anjou). "
Élisabeth Farnèse
(espagnol : Isabel de Farnesio,
italien :
Isabella Farnese)

Parme, 25 octobre 1692 - Aranjuez, 11 juillet 1766
 

Fille de l'héritier du duc de Parme

Reine d'Espagne


 
Une reine d'Espagne au fort caractère.
L’épouse de Philippe V :
 
Élisabeth Farnèse est la fille d’Édouard Farnèse, héritier du duc de Parme, et de Dorothée Sophie de Neubourg.
 
Le 24 décembre 1714 elle épouse le roi Philippe V d'Espagne, veuf de Marie-Louise de Savoie.

Philippe V est un prince français : Deuxième fils du « Grand Dauphin », et donc petit-fils de Louis XIV, Philippe de France était titré duc d'Anjou.

Philippe V succède en 1700 à son grand-oncle Charles II, dernier roi d'Espagne de la dynastie des Habsbourg; Philippe V est le premier de la dynastie des Bourbons d'Espagne.
Face à la princesse des Ursins :

Marie-Anne de La Trémoille, princesse des Ursins, est placée par Louis XIV comme camarera mayor de la première épouse de Philippe V, Marie-Louise de Savoie. Ce poste clé assure le maintien de l'influence française en Espagne. Elle profite de la jeunesse du couple royal pour diriger la politique espagnole.

A la mort de Marie-Louise de Savoie la princesse des Ursins soutient d'abord la candidature d'Elisabeth Farnèse. Elle pense qu'une princesse d'un si petit état sera son obligée. Mais les informations reçues sur le caractère d'Elisabeth lui font changer d'avis et elle tente, en vain, d'empêcher ce mariage.

La rencontre entre Elisabeth et la princesse des Ursins est glaciale. Très vite la nouvelle reine obtient son renvoi.
Avec le cardinal Alberoni :

Giulio Alberoni, ambassadeur de Parme à Madrid, joue un rôle déterminant pour faciliter le remariage de Philippe V.

Il tient le rôle de Premier ministre à partir de 1716 et obtient le chapeau de cardinal en 1717.

Durant quatre ans la reine et le cardinal dirigent ensemble la politique espagnole. En plus de leurs interventions en Italie ils s'opposent au régent, Philippe d'Orléans, dans l'espoir de placer Philippe V sur le trône de France.

La Quadruple alliance met fin à l'ambition de la reine. La paix de La Haye provoque le renvoi et l'exil du cardinal Alberoni en 1720.
Guerres en Italie :
 
Elisabeth Farnèse a des droits sur Parme et Plaisance mais aussi sur la Toscane. La reine et Alberoni ne se résignent pas à perdre les possessions italiennes de l'Espagne par suite de la Guerre de succession.

Ayant pris en main la politique espagnole, Elisabeth et le cardinal font envahir la Sardaigne et la Sicile mais se heurtent aux actions conjuguées des français et des anglais.

Les défaites terrestres et navales des espagnols entrainent en 1720 l’évacuation de la Sicile et la renonciation provisoire aux prétentions sur les anciennes possessions espagnoles en Italie.

En 1734 l'infant Charles, fils d'Elisabeth, se lance dans la conquête des Deux-Siciles sur les conseils de sa mère : « Élevés au rang de royaume libre, ils seront tiens. Va donc et gagne: la plus belle couronne d'Italie t'attend. » Après plusieurs victoires sur les Habsbourg Charles fait une entrée triomphale à Naples le 10 mai. L'année suivante il effectue la conquête de la Sicile.
Les enfants d’Élisabeth :

Une grande partie de l'action politique d'Elisabeth Farnèse est guidée par le souci de placer ses enfants dans l'échiquier européen.


Six enfants d'Elisabeth et Philippe V atteignent l'âge adulte :

> Charles (1716-1788) duc de Parme, roi de Naples et de Sicile, roi d'Espagne ;
> Marie Anne Victoire (1718-1781) épouse de Joseph Ier, roi du Portugal ;
> Philippe Ier de Parme (1720-1765), duc de Parme ;
> Marie-Thérèse (1726-1746) épouse de Louis-Ferdinand, dauphin de France ;
> Louis Antoine (1727-1785), le « cardinal infant », primat d’Espagne et cardinal ;
> Marie-Antoinette (1729-1785), épouse de Victor-Amédée III, roi de Sardaigne.

D'abord placé en second plan par rapport aux fils de Philippe V du premier lit, l'infant Charles a une remarquable carrière : d'abord duc de Parme et de Plaisance sous le nom de Charles Ier en 1731, roi de Naples en 1734 puis de Sicile en 1735 sous les noms de Charles VII (Naples) et Charles V (Sicile). En devenant en 1759 le roi d'Espagne Charles III , il cède les royaumes de Naples et de Sicile à son troisième fils Ferdinand.
Portrait par Saint-Simon :

Dans ses mémoires, le duc de Saint-Simon parle longuement de la reine d’Espagne. Le portrait qu’il dresse d’elle est souvent sévère.

Ainsi, d’après lui, Alberoni la juge « susceptible de mauvais conseils, peu touchée de se conserver ceux qui lui donnaient de bons avis, prête à les abandonner et à les oublier à la moindre difficulté qu'elle trouverait à les soutenir, et facile à se laisser conduire par ceux qui l'environnaient. »

Plus tard, Saint-Simon ajoute un trait de caractère : « La vie de la reine était très agitée; et quelque grand que fût son pouvoir, elle le devait à tant d'art, de souplesses, de manèges, de patience, que ce n'est point trop dire, que, quelque étendu qu'il fût, elle le payait trop chèrement ; mais elle était si vive , si active, si décidée, si arrêtée, si véhémente dans ses volontés, et ses intérêts lui étaient si chers, que rien ne lui coûtait pour arriver où elle tendait.»
Les bibliothèques de la reine :

Elisabeth Farnèse réunit une bibliothèque importante pour son usage privé au palais de Buen Retiro et dans celui de la Granja. Grande lectrice, elle possède plus de huit mille volumes.

Sa collection est constituée de livres de fiction, d’ouvrages scientifiques, d'art et de voyages, de gazettes ou d’almanachs. Mais surtout les biographies, les mémoires et les livres d'histoire sont nombreux dans sa bibliothèque.

Les livres concernent souvent l’actualité politique. Deux libraires français à son service lui font parvenir des livres depuis Paris ou bien ils lui sont envoyés par ses enfants depuis l'Italie. Le français est dominant dans sa bibliothèque.

Les livres appartenant à la reine présentent une reliure caractéristique de couleur marron au triple filet doré d’encadrement, avec les écus accolés de Philippe V et Elisabeth Farnèse.
Les Farnèse :
 
La maison Farnèse est une ancienne famille ducale souveraine d'Italie. Son origine remonte à 1210 mais elle prend de l'importance avec l'élection du pape Paul III Farnèse en 1534.

Paul III nomme son fils Pier Luigi duc de Parme et de Plaisance en 1545.

La famille Farnèse est influente lors de la Renaissance en Italie. Elle possède à Rome le Palais Farnèse, où elle réunit des chefs-d'œuvre de la sculpture antique.

Au fil des siècles les Farnèse ont occupé la Villa Farnèse de Caprarola, la Farnésine de Rome, le Palais Farnèse de Plaisance, le Palais de la Pilotta de Parme et le Palais ducal de Colorno.


La prestigieuse collection Farnèse, développée entre Rome, Parme et Plaisance, comporte des peintures, des sculptures, des dessins, des livres, des bronzes, des meubles, des camées, des pièces de monnaie, médailles, et de nombreux autres objets archéologiques.

En 1734 Elisabeth Farnèse hérite la collection. Entre 1735 et 1739 elle est transférée à Naples où s'est installé Charles, le fils d'Elisabeth. Cela conduit à la naissance du Musée Capodimonte de Naples.
Sources :


> Bibliothèque numérique de Lyon

> Joannis Guigard, Nouvel armorial du bibliophile, Tome 1, page 126

> Page Wikipédia Elisabeth Farnèse


> Page Wikipédia Maison Farnèse

>
Page Wikipédia Collection Farnèse

> Biblioteca Histórica de la Universidad Complutense de Madrid


> Louis de Rouvroy, duc de Saint-Simon : Mémoires

   
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