Ombres de mes livres

 

… où j’ai cherché à esquisser les silhouettes des 
premiers possesseurs de mes livres anciens.
 
 
 
Marie-Caroline de Bourbon, princesse de Naples et de Sicile
duchesse de Berry
(1798-1870)
Le livre :

Jacques Corentin Royou :

Histoire de France, depuis Pharamond
jusqu'à la vingt-cinquième année du règne de Louis XVIII


à Paris, chez le Normant, 1819






armoiries du royaume de Naples et de Sicile
Le fer du possesseur :

Ecu double timbré d’une couronne de prince français :
 
«  à dextre : de France à la bordure crénelée de gueules (duc de Berry) ; 

à senestre : Parti de trois :
Au I, écartelé : 1 et 4, d'or aux six fleurs de lys d'azur posées 3, 2 et 1 , (qui est de Farnèse) ; 2 et 3, parti de gueules à la fasce d'argent (qui est d'Autriche) et bandé d'or et d'azur de six pièces à la bordure de gueules (qui est de Bourgogne ancien) ; sur-le-tout d'argent aux cinq écussons disposés en croix d'azur chargés de cinq besans d'argent en sautoir à la bordure de gueules chargée de sept châteaux d'or, donjonnés de trois tours, ouverts et ajourés d'azur (qui est de Portugal) ;
Au II, coupé de 2, au I parti d'écartelé au 1 et 4 de gueules au château d'or, donjonnés de trois tours, ouverts et ajourés d'azur (qui est de Castille) et au 2 et 3 d'argent au lion de pourpre (qui est de León) ; et contre-parti d'or aux quatre pals de gueules (qui est d'Aragon) et écartelé en sautoir d'or aux quatre pals de gueules et d'argent à l'aigle de sable (qui est de Sicile) ; enté en pointe d'argent à une pomme grenade de gueules tigée et feuillée de sinople (qui est de Grenade) ; au II parti de gueules à la fasce d'argent (qui est d'Autriche) et d'azur semé de lys d'or à la bordure componée de gueules et d'argent (qui est de Bourgogne), au III écartelé en 1 bandé d'or et d'azur de six pièces à la bordure de gueules (qui est de Bourgogne ancien) et d'or au lion de sable armé et lampassé de gueules (qui est de Flandre), au 2 tranché de sable au lion d'or armé et lampassé de gueules (qui est de Brabant) et d'argent à l'aigle de gueules (qui est de Tyrol), au 3 d'azur semé de fleurs de lys d'or au lambel de gueules (qui est de Naples) et au 4 d'argent à la croix potencée d'or cantonné de quatre croisettes de même (qui est de Jérusalem) ;
Au III, d'or à six tourteaux mis en orle, cinq de gueules, celui en chef d'azur chargé de trois fleurs de lis d'or (qui est de Toscane) ;
Sur-le-tout d'azur aux trois fleurs de lys d'or posées 2 et 1 à la bordure de gueules (qui est d'Anjou).   »


Marie Caroline Ferdinande Louise de Bourbon
En italien : Maria Carolina Ferdinanda Luisa di Borbone
(Caserte 5 novembre 1798 - Brunnsee 16 avril 1870)

princesse de Naples et de Sicile

duchesse de Berry


belle-fille du roi Charles X

mère du duc de Bordeaux (comte de Chambord) 


comtesse Lucchesi-Palli
duchesse della Grazia
 
La vie romanesque de la belle-fille du dernier roi de France.
Princesse des Deux-Siciles :

Marie-Caroline de Bourbon-Siciles est née le 5 novembre 1798 au palais royal de Caserte, résidence de la famille des Bourbons de Naples. 

Son père est le prince héritier François (1777-1830), futur roi de Naples et de Sicile (photo).

La famille royale de Naples est une branche des Bourbons. En effet le père de François, Ferdinand 1er, est un cadet des rois d'Espagne, eux-mêmes Bourbons depuis Philippe V, petit-fils de Louis XIV. C'est pourquoi les armoiries du royaume des Deux-Siciles ont au centre un écusson "de France à la bordure de gueules", armes du duc d'Anjou, futur Philippe V.
Belle-fille du roi Charles X :

Le 17 juin 1816 Marie-Caroline épouse à l'âge de 18 ans le duc de Berry (photo), neveu du roi Louis XVIII.

Charles Ferdinand, de 20 ans plus âgé qu'elle, est le fils cadet du comte d'Artois, futur Charles X.

Le couple s'installe au palais de l'Elysée. Ils auront quatre enfants dont deux survivront.

Mère du duc de Bordeaux :

Le 13 février 1820 le duc de Berry est tué. L'assassin, Louvel, espère ainsi mettre fin à la branche aînée des Bourbons.

Cependant la duchesse de Berry est enceinte. Elle donne naissance en septembre à un fils, Henri "Dieudonné" titré duc de Bordeaux. 

Henri, comte de Chambord depuis 1830, deviendra le prétendant royaliste "Henri V" et sera près d'accéder au trône de France en 1871.
Au pavillon de Marsan :

Après l'assassinat de son mari, la duchesse de Berry s'installe aux Tuileries, dans le pavillon de Marsan où elle mène un train de vie luxueux.

Elle lance un style de mobilier, très différent de celui de l'Empire, qui sera connu comme "style Charles X". Elle apprécie les placages de bois blonds ornés de bronzes dorés ou incrustés de motifs en bois foncé.
Au château de Rosny :

Acquis en 1818 le château de Rosny, ancien fiel de Sully, est la résidence préférée de la duchesse de Berry. 

Elle fait faire à Rosny une restauration complète des façades. Elle fait aussi achever la construction des ailes et agrandir la demeure en élevant devant la façade d’entrée un grand avant-corps d’un seul niveau couvert d’une terrasse.

Elle redessine totalement le parc "à l'anglaise" et y plante des milliers d'arbres. Le plus grand chantier est la "rivière anglaise" enjambée par deux ponts, avec cascade artificielle en rocaille, qu'elle fait aménager dans l'esprit de celle que la reine Marie-Antoinette avait fait creuser au Petit Trianon.
Une superbe bibliothèque :

La bibliothèque du château de Rosny, pièce de prédilection de la duchesse, est ceinturée par huit grandes armoires d'acajou vitrées et surmontées de bustes de philosophes.

Les ventes publiques organisées à trois reprises donnent, par leurs catalogues,  une idée précise des lectures de la duchesse. Le "catalogue de la riche bibliothèque de Rosny" (1837) compte 2600 numéros, soit plus de 8000 volumes. Il privilégie l'histoire et la littérature française et étrangère. On trouve aussi des ouvrages de sciences, de botanique, des récits de voyages, des albums d'estampes, etc.

La duchesse possède des livres rares, dont des manuscrits à partir du VIème siècle provenant des collections de Marguerite de Valois, Henri II, Louis XIII, Marie Leszczynska, etc., le plus précieux étant le "livre d'heures d'Henri II et de Catherine de Médicis"  contenant cinquante-cinq splendides miniatures.


Les livres sont, en général, reliés aux armes ou avec le chiffre couronné de la duchesse. Les reliures les plus somptueuses sont signées par Simier.

Les livres aux armes de la duchesse de Berry sont les plus recherchés pour les femmes après celles de Marie-Antoinette et de Mme de Pompadour.
L'amazone tente de soulever la Vendée :

À la suite des Trois Glorieuses, la duchesse de Berry suit Charles X et la cour en exil en Angleterre, mais elle cherche à se faire proclamer régente pour son fils, le comte de Chambord.

En avril 1832 elle retourne clandestinement en France mais, au lieu du soulèvement de deux mille fidèles annoncés, elle ne trouve que soixante hommes. 

Elle tente de relancer les guerres de Vendée et de rallier la population à sa cause. La mobilisation locale est assez faible et l'opération échoue rapidement.
Une arrestation rocambolesque :

Après une fuite de six mois la duchesse se refugie en novembre 1832 dans une maison de Nantes.
Cachée toute une nuit avec ses partisans dans un réduit situé derrière une cheminée alors que sa maison est cernée par la gendarmerie qui ne la trouve pas, elle doit sortir de l'âtre lorsque celui-ci est allumé par des gendarmes en faction. 
Le mari caché :

Détenue dans la citadelle de Blaye après son arrestation et soumise à la surveillance la plus rigoureuse, elle y accouche le 10 mai 1833 d'une fille.

Elle déclare alors qu'elle a épousé secrètement en 1831 le comte Ettore-Carlo Lucchesi-Palli, futur duc della Grazia, et qu'il est le père de cet "enfant de Blaye".

Cette nouvelle, largement relayée par le Gouvernement, jette la consternation parmi ses partisans.

Après sa sortie de prison la duchesse reste tenue à l'écart de la famille royale qui lui refuse la direction de l'éducation de son fils, confiée à sa belle-sœur, la duchesse d'Angoulême.
L'exil :

Expulsée à Palerme la duchesse vit un exil paisible en voyageant en Italie. Elle a cinq nouveaux enfants de son deuxième mari.

Ayant perdu la même année en 1864 Louise d'Artois, sa fille ainée, et le duc della Grazia, son époux qui l'a ruinée (six millions de francs de dettes), la duchesse s'installe en Autriche. Elle meurt au château de Brunnsee le 16 avril 1870.
 

« La grande maison de Brunnsee, désertée, évoque une grève à marée basse. La vie s'est retirée, comme la mer, de ces pièces à demi démeublées ou subsistent encore quelques épaves, vestiges d'un bonheur évanoui. Une très vieille femme, épaissie, affaissée, se tient devant la fenêtre, feuilletant tout le jour un album de photographies (où) presqu'aveugle, elle s'évertue à reconnaître les traits des visages qu'elle a connus. » (Laure Hillerin)
Sources :

> Eugène Olivier, Georges Hermal, Robert de Roton : Manuel de l'amateur de reliures armoriées françaises, planches 2519 et 2554


> Armorial du bibliophile... / Joannis Guigard 

> Page Wikipédia Duchesse de Berry

> La duchesse de Berry, par Jean-Joel Brégeon, éditions Tallandier 

>  La Duchesse de Berry, par Laure Hillerin, éditions Flammarion


>  Mémoires historiques de S. A. R. Madame, duchesse de Berry, publiés par Alfred Nettement 

>  Catalogue de la bibliothèque de Rosny 

>  Mobilier du Pavillon de Marsan   


Les textes et documents utilisés dans cet article proviennent des sources mentionnées ci-dessus. Je me suis efforcé de n’utiliser que des éléments qui font l’objet d’une diffusion publique mais, s’il apparaît à l’un des propriétaires de textes ou d’images que j’enfreigne ses droits, je le remercie de le signaler ; cela sera retiré immédiatement.



Créer un site
Créer un site