Ombres de mes livres

 

… où j’ai cherché à esquisser les silhouettes des 
premiers possesseurs de mes livres anciens.
 
 
 
Louis de Vignerot du Plessis, maréchal-duc de Richelieu
(1696-1788)
Le livre :


Marie Huber
Le sistème des anciens et des modernes sur l'état des âmes...
1733


à Amsterdam, chez les Wetsteins & Smith
Le fer du possesseur :

Ecu timbré d’une couronne de duc et posé sur un manteau de pair :

« 
D'argent à trois chevrons de gueules »




Louis-François-Armand de Vignerot du Plessis
duc et pair de Richelieu
duc et pair de Fronsac

(Paris : 13 mars 1696 - 8 août 1788)
 
Prince de Mortagne
Marquis du Pont-Courlay
Comte de Cosnac
Baron de Barbezieux, Cozes Saujon
 
Premier gentilhomme de la Chambre
Gouverneur de Guyenne
 
Maréchal de France 

Membre de l'Académie française 
Membre honoraire de l'Académie des sciences 
Chevalier de l'Ordre du Saint-Esprit 
« l'Alcibiade français » 
Arrière-petit-neveu du cardinal de Richelieu :

Louis-François-Armand de Vignerot du Plessis est le quatrième enfant et unique fils de Armand-Jean de Vignerot du Plessis (1629-1715), ancien général des galères (1642-1661), petit-neveu du cardinal de Richelieu (1585-1642).

La sœur du cardinal de Richelieu, Françoise du Plessis (1580-1615) a épousé René de Vignerot. Louis-François-Armand de Vignerot du Plessis est leur arrière-petit-fils.
Un "Casanova français" :

Richelieu est connu pour ses nombreuses conquêtes féminines :
 
Il a une liaison avec Charlotte-Aglaé d'Orléans, Mademoiselle de Valois, une des filles de Philippe d'Orléans, régent de France (portrait à droite).

Parmi ses autres conquêtes, on peut citer la marquise du Châtelet en 1733, la baronne Claudine Guérin de Tencin avec qui il entretient une longue correspondance, et Jeanne Du Barry quand elle était demi-mondaine à Paris. Il aurait été proche, après 1746, de la princesse de Rohan Marie-Sophie de Courcillon.

Ce qui ne l'empêche pas de se marier trois fois.
Séjours à la Bastille :
 

Dans sa jeunesse, le futur duc de Richelieu se fait connaître par ses duels, qui lui valent d'être emprisonné à la Bastille quatorze mois durant.

Le 20 mars 1719 il retourne à la Bastille, gravement compromis dans la conspiration de Cellamare. Les charges retenues contre lui étaient si lourdes que le régent Philippe d'Orléans déclare : 

« Si M. de Richelieu avait quatre têtes, j'aurais dans ma poche de quoi les faire couper toutes les quatre... ». Et il aurait ajouté : « Si seulement il en avait une... » avant de le faire libérer sur les instances de sa fille, Mademoiselle de Valois, qui en est follement amoureuse et doit, à cette occasion, faire la promesse de renoncer à l'épouser.
Le militaire :
 

Après avoir fait ses premières armes en 1713, durant la guerre de Succession d'Espagne, aux sièges de Landau et de Fribourg en tant que capitaine dans le régiment Royal cavalerie, Le duc de Richelieu devient colonel du régiment de Richelieu en 1718.

Il est nommé commandant en chef du Languedoc de 1738 à 1755. 

Homme de guerre valeureux, il combat avec distinction dans de nombreuses campagnes entre 1733 et 1758, prenant notamment une part décisive à la victoire de Fontenoy (1745). C'est en effet lui, qui a l'idée géniale et la direction de la manœuvre qui anéantit la colonne de Cumberland alors que tous, jusqu'au maréchal de Saxe lui-même, s'étaient résolus à la retraite.

Le duc de Richelieu est fait maréchal de France le 11 octobre 1748, agrégé au corps des nobles génois, avec faculté de porter les armes de la république le 17 du même mois.

Il prend le commandement de l’armée du Hanovre pendant la guerre de Sept Ans. En 1755, il est nommé gouverneur de la Guyenne.
Le diplomate :

En 1725, grâce à la protection de la marquise de Prie, maîtresse du duc de Bourbon, Richelieu est nommé ambassadeur à Vienne (1725-1729) puis à Dresde, où il se montre habile diplomate. Il est fait chevalier de l'ordre du Saint-Esprit le 1er janvier 1729. En 1746, ambassadeur extraordinaire à Dresde, il est chargé de demander pour le dauphin Louis la main de Marie-Josèphe de Saxe, fille du roi de Pologne.

Brillant courtisan, il exerce une grande influence sur Louis XV jusqu'à ce que Madame de Pompadour, offensée par son refus de marier son fils, le duc de Fronsac, à sa fille, Mlle d'Étiolles, l'éloigne du Roi sans parvenir pour autant à le priver de tout crédit.

Mécène généreux mais endetté toute sa vie de par son train de vie somptueux, libertin, il est l'ami de Voltaire qu'il reçoit souvent et qui l'a surnommé « l'Alcibiade français » . Gastronome, il laisse son nom à un plat, le « boudin à la Richelieu », boudin blanc truffé servi avec des amandes.
L’académicien :
 

Le duc de Richelieu est élu à l'unanimité à l'Académie française le 25 novembre 1720 sachant à peine l’orthographe, en remplacement du marquis de Dangeau.

Il fait écrire son discours de réception par Fontenelle, Campistron et Destouches. Il exerce une très grande influence au sein de l'Académie, manipulant les élections.

Ses idées en matière religieuse le rapprochent plutôt de Voltaire dont il est l’ami mais il n’en est pas moins à l’Académie l’adversaire des philosophes et le chef du parti religieux, disant que la religion est utile à la police de l’État.

Un jour il doit prononcer un discours au Roi : il demande à Voltaire de le lui écrire, mais Voltaire s’amuse à en faire plusieurs copies qu’il fait distribuer et, tandis que Richelieu lit son discours, d’autres prononcent avant lui la phrase suivante.

Le duc est le protecteur de l’Académie de Bordeaux ; il devient membre honoraire de l'Académie des sciences en 1731.
Le pavillon de Hanovre :
 

Le pavillon de Hanovre a été édifié entre 1758 et 1760 par l'architecte français Jean-Michel Chevotet (1698-1772) dans les jardins de l'hôtel d'Antin, rue Neuve-Saint-Augustin (actuellement boulevard des Italiens) à Paris, appartenant au maréchal de Richelieu.

Il est construit avec les bénéfices qu'il tire de sa campagne de Hanovre pendant la guerre de Sept Ans.

Le pavillon de Hanovre, remonté dans le parc de Sceaux, reste le seul souvenir de l'hôtel d'Antin qui a été détruit.  
Bibliothèque et collections :
 

L’usage et les habitudes de son milieu imposent au duc une bibliothèque mais il ne lit jamais.

Dans son hôtel de la rue Neuve-Saint-Augustin il amasse une volumineuse bibliothèque de 3.300 livres, rassemblés avec le souci encyclopédique de son temps.

On y trouve un curieux recueil intitulé « Anecdotes de notre temps depuis 1715 jusqu'à 1736 » en 52 volumes in-folio contenant des estampes relatives aux événements, des cartes, des portraits, des cérémonies, des feux d'artifice...

Sept volumes sont consacrés aux tissus ; ils contiennent 4818 échantillons, classés suivant l’année et le lieu de fabrication, avec mentions manuscrites des prix en monnaie du pays. Cet échantillonnage de la production française et étrangère, des étoffes des plus communes tissées par les galériens de Toulon aux plus somptueuses et chatoyantes des fabriques de soieries de Lyon, apporte une contribution précieuse aux historiens de la mode et du costume.
Les « Mémoires » du maréchal :
 

De 1790 à 1793 paraissent les « Mémoires du maréchal duc de Richelieu ». La propagande révolutionnaire les fait passer pour vrais et authentiques alors qu'ils sont apocryphes. Ils sont publiés par l'abbé Giraud-Soulavie.

Un autre livre, « Vie privée du maréchal de Richelieu », paraît en 1791. L'auteur reste inconnu ; on a pensé à Jean-Benjamin de La Borde, premier valet de Louis XV, et à Louis-François Faur.

Des papiers rédigés par le maréchal, retrouvés dans les archives de la famille en 1868, sont publiés en 1869 sous le titre de « Mémoires authentiques du maréchal de Richelieu ».
La famille de Richelieu :
 

La maison de Richelieu, à la fois poitevine et parisienne, est d'extraction ancienne mais pauvre.

Le plus ancien membre connu est Guillaume 1er du Plessis (+ après 1213), écuyer, seigneur du Plessis, des Breux, La Vervolière, etc. en Poitou ; il est cité dans un acte de 1201 comme varlet d’armes ; son fief dépend de l’évêque de Poitiers.

Geoffroi du Plessis, né en 1422 épouse Perrine de Clérambault, fille de Jean, seigneur de Richelieu. Les du Plessis acquièrent ainsi la seigneurie de Richelieu.

Le père du cardinal, François du Plessis, seigneur de Richelieu (1548-1590), est un soldat et un courtisan qui occupe la charge de Grand prévôt de France.
Sources :

Benoît Lorin : Le maréchal de Richelieu (Perrin 2022)

>  Wikipédia  

>  Académie Française  

>  Paris-Marais  

>  Comité histoire BNF  

>  Œuvres sur Data BNF  

>  Pavillon de Hanovre  

>  Collection d’échantillons  

>  Vente 1788  

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