Ombres de mes livres

 

… où j’ai cherché à esquisser les silhouettes des 
premiers possesseurs de mes livres anciens.
 
 
 
Charles de Mandre (ou Demandre)
(1805-1875)
Le livre :

Henri Desbordes (Adolphe Amat) :

Manuel du Vaudevilliste



à Paris 1861

Le livre est truffé par une
lettre autographe
d'Adolphe Amiat
(pseudonyme : H. Desbordes)
sollicitant un appui pour la promotion de son Manuel du Vaudevilliste.





 
Le fer du possesseur :

 
Ecu timbré d’une couronne comtale :

" D'azur à une bande d'or accompagnée de sept billettes du même, alias d'argent, quatre en chef posées 2, 1, 1 et trois en pointe posée 1 et 2 "
Charles de Mandre (ou Demandre)
(27 juin 1805, Aillevillers - 28 juin 1875, Beaujeu)

Maître de Forges à la Chaudeau

Président du Conseil d'administration
des Houillères de Ronchamp

Maire d'Aillevillers

Conseiller général de Haute-Saône

Lieutenant de louveterie

Chevalier de la Légion d'Honneur
Chevalier de Malte

Anobli à titre personnel en 1867
Un maître de forges proche de l'empereur
De Mandre ou Demandre ?

La maison de Mandre tire son nom du château de Châtillon-sous-les-Côtes en Lorraine. Sa généalogie remonte à Gérard de Mandre, chevalier vivant en 1219. Une branche cadette s'établit en Franche-Comté en 1313. La branche aînée de Lorraine est éteinte.

L'abbé Coudriet dans son "Histoire de la seigneurie de Jonvelle" et le Dictionnaire historique et héraldique de la noblesse française (1897) soutiennent que Charles de Mandre descend de la branche franc-comtoise de la famille. René de Mandre, dans "Les Maisons de Mandres", est très dubitatif sur cette filiation.

L'acte de naissance mentionne "Charles Demandre", nom que la ville dont il fut maire a donné à sa rue principale et qui est le plus souvent repris.

Cependant l'acte d'anoblissement du 4 mai 1867 l'autorise à séparer la particule « de » de son patronyme.

C'est pourquoi, sur son ex-libris on voit apparaître "C.deMandre".
L'industriel :

Charles de Mandre est propriétaire de forges à Aillevillers (La Chaudeau) et Saint-Loup, près de Gray en Haute-Saône.

En 1843 il s'associe avec un filateur, Joseph Bezanson, pour acheter la concession des Houillères de Ronchamp pour 520 000 francs.


Les Houillères de Ronchamp sont des mines de charbon s'étendent sur Ronchamp, Champagney et Magny-Danigon, en Haute-Saône. Le premier puits a été creusé en 1810.

Vers 1865 les Houillères de Ronchamp entrent dans leur période d'apogée qui dure jusqu'à la fin du siècle. La production s'élève à environ 200 000 tonnes de houille par an. 1 500 personnes sont employées.
L'élu local :

Charles de Mandre est Conseiller général de Haute-Saône de 1839 à 1871. Il devient Maire de sa ville natale d'Aillevillers de 1865 à 1871. Il fait des distributions de médicaments et de vivres lors de l'épidémie de choléra et offre à la commune sa première pompe à incendie en 1866.

Le 3 août 1856 il est nommé Chevalier de la Légion d'Honneur. En 1863 il devient Chevalier de Malte. Napoléon III l'anoblit à titre personnel en 1867.

Les loisirs que lui laissent ses activités d'industriel et d'élu sont surtout consacrés à la chasse. Il est Lieutenant de louveterie et ses chasses réunissent fréquemment les notables de la région.
Rencontre secrète Napoléon III / Cavour :

De passage de façon régulière à Aillevillers, Napoléon III rend visite à son ami Charles de Mandre à La Chaudeau sur la route de sa cure à Plombières-Les-Bains. L'empereur va permettre l’achèvement de l’église en versant à la paroisse la somme de 15 000 francs or.

Napoléon III rencontre le ministre italien Cavour au rendez-vous de chasse de Charles de Mandre "les Tachenières". Les accords qui y sont préparés en secret sont signés le 21 juillet 1858 à Plombières. Napoléon III obtient le rattachement de la Savoie et du Comté de Nice à la France contre son appui militaire à l'Italie.
Une bibliothèque "truffée" :

Charles de Mandre s'est constitué une vaste bibliothèque. Sa vente, du 31 janvier au 9 février 1887, s'étale sur neuf séances complètes, bien que les livres soient généralement regroupés par lots d'une dizaine. Ce sont souvent des livres modernes mais ce qui fait l'originalité de la bibliothèque est que les livres sont, pour la plupart, truffés de lettres autographes de l'auteur, en rapport avec le livre.

De Mandre cherche ces lettres durant ses séjours à Paris mais demande aussi à ses amis, dont les écrivains Jules Sandeau, Eugène Guinot, Xavier Marmier, etc., d'écrémer leur correspondance personnelle.

De Mandre n'est pas le seul à avoir réalisé des livres truffés au XIX° siècle mais peu ont poussé aussi loin l'opiniâtreté dans ce domaine.
À La Chaudeau et à Beaujeu :

Charles de Mandre vit au coeur de ses Forges de La Chaudeau (en Aillevillers), site industriel prospère au cours des XVIIIe et XIXe siècles. Il comprend une maison de maître de forges, un habitat ouvrier, une chapelle et une école.


Par la suite De Mandre réside aussi dans un château de la commune de Beaujeu-Saint-Vallier-Pierrejux-et-Quitteur. Le château avait été construit probablement au XVIII° siècle mais il est remanié et fort agrandi en 1814 et 1815 par le général Maret, duc de Bassano, qui le conserve jusqu'en 1833.

Le château de Beaujeu comprend un corps de logis à deux niveaux avec fronton triangulaire flanqué d'ailes en retour d'équerre formant un U, avec deux tours rondes sur angles. Il est entouré de belles dépendances, dont une orangerie.

Charles de Mandre meurt au château de Beaujeu en 1875, à l'âge de 70 ans.
Sources :


> Eugène Olivier, Georges Hermal, Robert de Roton : Manuel de l'amateur de reliures armoriées françaises, planche 33

> Bibliothèque de l'Institut de France

> Histoire de la Bibliophilie


> Personnalités d'Aillevillers-et-Lyaumont

> Histoire d'Aillevillers-et-Lyaumont

> Page Wikipedia Houillières de Ronchamp

> Dayre de Mailhol, Camille Philippe : Dictionnaire historique et héraldique de la noblesse française, 1897

> Histoire de la seigneurie de Jonvelle et de ses environs, par l'abbé Coudriet

> Les Maisons de Mandres, par René de Mandre

> Le Temps, 9 février 1887

> "Catalogue de livres et autographes composant la bibliothèque de M. Charles de Mandre. Vente du 31 janvier au 9 février 1887. Claudin, expert."



Les textes et documents utilisés dans cet article proviennent des sources mentionnées ci-dessus. Je me suis efforcé de n’utiliser que des éléments qui font l’objet d’une diffusion publique mais, s’il apparait à l’un des propriétaires de textes ou d’images que j’enfreigne ses droits, je le remercie de le signaler ; cela sera retiré immédiatement.



Créer un site
Créer un site