… où j’ai cherché à esquisser les silhouettes des premiers possesseurs de mes livres anciens.
Bernard Chérin, généalogiste du roi (1718-1785)
Le livre :
Le Théâtre de P. Corneille
A Paris chez Michel David , 1706
Le fer du possesseur :
Ecu timbré d’une couronne comtale :
« d’or à trois têtes de chérubins de gueules »
Chérubins en écoinçons et sur le dos
Bernard Chérin
(Ambonville 20 janvier 1718 - Paris 21 mai 1785) Ecuyer
Censeur royal
Généalogiste et historiographe des Ordres du Roi et de Saint-Lazare
Commissaire du roi pour certifier la noblesse des officiers
Un généalogiste incorruptible.
« Homme injuste, à force d'être juste » :
Bernard Chérin est le petit-fils d'un régent d'école et le fils d'un commerçant aisé.
Formé par les bénédictins de Saint-Maur, élève puis successeur admiré et compétent de Clairambault et de Beaujon, il devient premier commis du Cabinet des Titres en 1762, puis généalogiste du Chapitre de Saint-Louis de Metz en 1767.
Il accède au poste d'Historiographe des Ordres du Roi (ordre du St-Esprit et ordre de St Michel) en 1770.
En 1772 il est nommé Censeur Royal, généalogiste des Ordres du Roi et de l'ordre de St Lazare et du Mont Carmel.
Il est anobli par Louis XVI en 1774.
Il avait porté haut la renommée de sa charge et s'était acquis une réputation d'incorruptibilité : "Homme injuste à force d'être juste" disait-on de lui.
Les généalogistes des Ordres du Roi :
La charge de généalogiste des Ordres du Roi fut créée par Henri IV pour vérifier, à l'origine, la qualité des futurs chevaliers des Ordres du Saint-Esprit et de Saint-Michel. Son ressort s'étendit aux preuves de noblesse pour l'Ordre du Mont-Carmel et de Saint-Lazare, à celle du chapitre Saint Louis de Metz, puis à celles des Chevau-Légers de la garde du Roi, des sous-lieutenances, des cadets gentilshommes des colonies, des lieutenants des maréchaux de France, enfin à celle des honneurs de la cour.
La charge, en partie concurrente, de Juge d'armes de France, concernait, outre la vérification des armoiries, les preuves pour les pages, pour les écoles royales militaires et pour l'admission des demoiselles à Saint-Cyr et à l'Enfant-Jésus.
Contrôle des preuves pour devenir officier des armées du roi :
Le travail le plus connu de Bernard Chérin est la vérification des preuves des quatre degrés de noblesse nécessaires à l'obtention d'un brevet de sous-lieutenance suite à l'ordonnance royale du 22 mai 1781 :
« Le Roi a décidé que tous les sujets qui seraient proposés pour être nommés à des sous-lieutenances dans les régiments d'infanterie française, de cavalerie, de chevau-légers, de dragons et de chasseurs à cheval, seraient tenus de faire les mêmes preuves que ceux qui lui sont présentés pour être admis et élevés à son École royale militaire, et que Sa Majesté ne les agréerait que sur le certificat du sieur Chérin, généalogiste... Et après que ledit sieur Chérin aura examiné et reconnu pour véritables les titres qui lui auront été adressés, il remettra son certificat aux-dits parents qui le feront passer au Mestre de camp, commandant du régiment dans lequel ils désireront que le sujet soit placé, et le certificat du généalogiste sera joint au mémoire de proposition du Mestre de camp commandant. »
Dans les "Souvenirs de la marquise de Créquy" :
" Savez-vous bien que c'était une importante et imposante figure que celle de M. Chérin ! On ne saura pas dans la postérité ce que c'était à nos yeux que Messire Bernard Chérin, écuyer, Généalogiste de la Maison du Roi, de la Cour de France et de l'Ordre de Saint-Esprit, comme aussi des grandes et petites écuries de S.M. C'était la sévérité dans la probité, la discrétion dans la pénétration ; c'était la science et la conscience infaillibles. Préposé qu'il était à la garde de l'Œil-de-Bœuf, on aurait dit que c'était les barrières du Louvre et qu'il y veillait, inévitable et impénétrable comme la mort. Il avait le secret de plusieurs familles, qu'il ne trahissait jamais par aucune parole, aucun geste, aucun air de physionomie. On n'a pas d'idée de tous les égards et tous les airs de tendresse que lui prodiguaient Messieurs de Coigny et de Vaudreuil ; mais les Caraman n'osaient pas le saluer trop bas ni le courtiser trop visiblement, de peur de manifester trop d'inquiétude et de laisser voir un trop long bout de leur grande oreille. Enfin c'était un censeur impitoyable, un juge incorruptible, un magistrat non-seulement propre à siéger sur les fleurs de lis, ce qui n'est pas si rare et ne dirait pas assez, mais digne de s'asseoir aux pieds du crucifix, à côté des Lhospital et des Brisson ! "
Epitaphe :
A la mort de Bernard Chérin en 1785, son fils lui érigea un monument au couvent des Grands-Augustins de Paris :
" Ici reposent les cendres de Bernard Cherin, Ecuyer, Généalogiste et Historiographe des Ordres du Roi, Généalogiste de celui de Saint-Lazare, Censeur Royal, etc. Ses lumières et ses vertus lui méritèrent la confiance du Roi et celle de la Nation. Sévère, désintéressé, incorruptible, ardent ami de la vérité, et plein du courage qu’elle inspire, il repoussa fortement les prétentions de l’orgueil, et sut toujours se défendre des attraits de la séduction. Sa mort arrivée le XXI Mai M DCC.LXXXV, fut honorée des larmes de ses amis et des regrets du public. Il étoit né le XX Janvier M.DCC.XVIII. Son fils, pénétré de douleur, a consacré ce monument à la mémoire du meilleur des pères. Priez Dieu pour le repos de son ame. "
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