Ombres de mes livres

 

… où j’ai cherché à esquisser les silhouettes des 
premiers possesseurs de mes livres anciens.
 
 
 
Antoine de Latour
(1808-1881)
Le livre :


Alexandre Soumet : La divine épopée

à Paris, chez Arthus Bertrand, 1840
Le fer du possesseur :


Ecu timbré d'une couronne comtale et portant une croix d'officier de la Légion d'Honneur : 

« d'or à une ancre à trois traverses de sable, accostée de deux étoiles de même »
Antoine-Louis Tenant de la Tour
[nom de plume: Antoine de Latour]

(Saint-Yrieix-la-Perche 30 août 1808, Sceaux 27 avril 1881)

Ecrivain, poète, traducteur

Précepteur, puis secrétaire du duc de Montpensier

Membre de la Real Academia de Buenas Letras de Séville

Officier de la Légion d'Honneur
Le secrétaire d'un Orléans devient un excellent hispaniste.
Fils d'un bibliothécaire du roi :

Le père d'Antoine de Latour, Jean-Baptiste Tenant de la Tour (1779 - 1862), est surtout connu comme bibliographe.

Juge de paix du canton de Saint-Yrieix (Haute-Vienne), il sert de 1814 à 1815 dans les gardes du corps de Louis XVIII. Il est chef du personnel dans l’Administration des Postes, fonction qu’il résigne en 1833. Il se retire dans sa maison du Chalard et est élu conseiller général jusqu’en 1848.

En 1846 J.B. Tenant de la Tour est nommé bibliothécaire du roi Louis-Philippe Ier au palais de Compiègne. Il succède dans cette fonction à Alexandre Soumet, mort en 1845.

Passionné par les livres Tenant de la Tour est l'auteur, en 1861, des "mémoires d'un bibliophile". Il y évoque le monde de la librairie ancienne parisienne et celui des bouquinistes des quais.  Il a travaillé, sous la direction de Pierre Jannet, à la création de la Bibliothèque elzévirienne.
Au service du duc de Montpensier :

Antoine de la Tour fait de brillantes études au Collège Royal de Dijon. Entré à l’Ecole Normale Supérieure, il devint professeur agrégé aux collèges Bourbon et Henri IV.

En mars 1832 il est nommé par Louis-Philippe, roi des Français, précepteur de son cinquième fils : Antoine d’Orléans, duc de Montpensier.

Devenu par la suite  secrétaire des commandements du prince, il le suit dans son exil post-révolutionnaire en Angleterre et en Espagne.
Voyage en Méditerranée orientale :

En 1845, Le duc de Montpensier, âgé de 21 ans, entreprend un voyage en Tunisie, en Grèce, en Turquie et en Égypte, avec son secrétaire et ami Antoine de Latour.

En juin le prince visite Tunis et Carthage. Il est reçu avec solennité par le bey. Au cours d'entretiens officiels s'amorce le projet du voyage d'Ahmed Bey à Paris qui aura lieu en novembre 1846.

Antoine de Latour publiera le compte-rendu détaillé de l'expédition dans son " Voyage de S. A. R. Monseigneur le Duc de Montpensier à Tunis, en Egypte, en Turquie et en Grèce " paru en 1847.
Secrétaire d'un infant d'Espagne :
 
Le duc de Montpensier épouse en 1846 l’infante d’Espagne Louise Ferdinande de Bourbon, fille du roi Ferdinand VII et sœur de la reine Isabelle II . 

Après l'abdication de Louis-Philippe en 1848, le duc de Montpensier part en exil avec son secrétaire, Antoine de Latour, d'abord en Angleterre puis en Espagne. Le prince s'installe à Séville. Il est promu par sa belle-sœur la reine Isabelle au rang d'infant d'Espagne.

Epoux de l'héritière de la couronne d'Espagne le duc de Montpensier jouit d'une situation enviable mais dont il ne se satisfait pas. Avec le concours d'Antoine de Latour le prince entretient une correspondance séditieuse et participe même en 1868 à une conspiration qui renverse la reine. 

Banni un temps au Portugal le duc de Montpensier ne se réconcilie avec la reine mère qu'en 1878. Une de ses filles, Maria de las Mercedes, épouse le nouveau roi Alphonse XII. 

De cette longue période espagnole Antoine de Latour tire la matière de nombreux livres qui le positionnent comme l'un des meilleurs écrivains hispanistes de l'époque. En 1858 il devient membre de la Real Academia de Buenas Letras de Séville. 
 


Antoine de Latour avec l'infante 
María de las Mercedes, future reine d'Espagne
Ami de Aloysius Bertrand :

Aloysius Bertrand est un poète, dramaturge et journaliste, considéré comme l'inventeur du poème en prose (1807-1841). Vivement chichement le poète sera surtout reconnu après sa mort, avec son ouvrage posthume "Gaspard de la nuit".

Antoine de Latour a entretenu des relations épistolaires avec son ancien camarade de collège, lui procurant parfois des subsides, intervenant pour lui obtenir un emploi, etc. 

L'édition de lettres échangées entre les deux auteurs montre l'amitié profonde qui les liait.
La famille Tenant de la Tour :

La première mention de la famille Tenant remonte au milieu du XVIe siècle: Yrieix Tenant, écuyer, est seigneur de Champ, près de Saint-Yrieix.

Antoine Tenant, "Escuyer", est seigneur de Champ et de Masmoreau  de 1596 à 1643. Il devient le gendre de  François de Jumilhac, seigneur du "repaire noble de la Tour"

Le petit-fils d'Antoine, Jean, est "sieur de Bort et de la Tour" de 1659 à 1692. C'est avec lui que commence la branche des "Tenant de la Tour".

Le grand-père d'Antoine de Latour, Mathieu Tenant, seigneur de la Tour de 1748 à 1818, est garde du corps des rois Louis XV et Louis XVI. Le manoir de la Tour est détruit durant la Révolution.

Le livre porte une dédicace
de l'auteur
Alexandre Soumet
à l'écrivain
Jules Janin
Alexandre Soumet (1786-1845)
 
Alexandre Soumet est un poète et dramaturge qui a été extrêmement célèbre. Victor Hugo professait pour lui du moins à ses débuts une vive admiration. Il est aujourd'hui presque complètement oublié.
En 1823 il rejoint le groupe d'écrivains et d'artistes « Le Cénacle », où se rassemblent les meilleurs partisans de l'esthétique romantique, notamment Honoré de Balzac, Eugène Delacroix, Alfred de Vigny, Alexandre Dumas père, Alfred de Musset, Casimir Delavigne, Charles-Augustin Sainte-Beuve, Abel-François Villemain et Prosper Mérimée. 
Il précède le père d'Antoine de Latour au poste de bibliothécaire du roi à Compiègne.
Jules Janin (1804-1874)
 
Ecrivain et critique dramatique français, Jules Janin débute au Figaro à 21 ans, ayant abandonné le droit pour le journalisme. Il travaille notamment à la Revue de Paris, à la Revue des Deux Mondes, au Figaro et à la Quotidienne. Il est parmi les fondateurs de la Revue de Paris et du Journal des Enfants.
En 1836, il entre au Journal des débats où il assurera pendant 40 ans le feuilleton dramatique.
En 1858, il réunit ses feuilletons en six volumes, sous le titre Histoire de la Littérature Dramatique.
Après de nombreuses tentatives, il est élu à l’Académie française en 1870.
Sources :

Eugène Olivier, Georges Hermal, Robert de Roton : Manuel de l'amateur de reliures armoriées françaises, pl. 1046

> Data BNF Antoine de Latour 

Notice d’autorité Antoine de Latour 

> Note de la Bibliothèque de l’Institut de France

> Notice sur les Tenant de La Tour, 1886 

> Catalogue des armoiries figurant dans l’armorial de Poncet, ...

> Page Wikipédia Antoine de Latour

> Page Wikipédia de Jean-Baptiste Tenant de Latour

> L’hispaniste Antoine de Latour (Cahiers de civilisation espagnole contemporaine)

> Voyage de S. A. R. Monseigneur le Duc de Montpensier à Tunis, en Egypte, en Turquie et en Grèce

> Mémoires des autres,  par la comtesse Dash

> Le Gaulois littéraire et politique, 11 mai 1885

> Alexandre Soumet sur Wikipédia

> Note sur Jules Janin de Babelio 



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