Ombres de mes livres

 

… où j’ai cherché à esquisser les silhouettes des 
premiers possesseurs de mes livres anciens.
 
 
 

Élisabeth-Charlotte de Bavière, princesse palatine
(1652-1722)
Le livre :
 
 
Office de la
Semaine sainte


à Paris
chez Antoine Dezallier
1708
 
          
Le fer sur le livre :

Ecu double timbré d'une couronne de prince français
et entouré d'une cordelière de veuve :

«  à dextre : de France au lambel d'argent  ; 
à senestre : écartelé en 1 et 4 de sable au lion d'or armé, lampassé et couronné de gueules et en 2 et 3 fuselé en bande d'azur et d'argent   »

Élisabeth-Charlotte du Palatinat
dite en France « de Bavière »
 Elisabeth Charlotte von der Pfalz, Gräfin von Simmern
(Heidelberg, 26 mai 1652 - Saint-Cloud 8 décembre 1722)

Princesse électorale palatine du Rhin
Comtesse palatine de Simmern

Duchesse d'Orléans
Belle-sœur du Roi Louis XIV
Mère du Régent de France


Le langage direct de la belle-sœur du roi de France
Fille de l’Electeur palatin du Rhin :

Élisabeth-Charlotte du Palatinat, comtesse de Simmern, est une princesse de la branche palatine de la maison de Wittelsbach, fille du comte d'Empire Charles-Louis Ier, électeur palatin du Rhin. Sa famille est calviniste.

En France, par convention et du fait de son appartenance à la famille de Wittelsbach, elle est appelée « Élisabeth-Charlotte de Bavière ».

Après le divorce de ses parents l'enfant, surnommée " Liselotte ", est élevée pendant quelques années par sa tante, Sophie de Hanovre. La princesse gardera toute sa vie un fort attachement à sa tante à qui elle écrira fréquemment.
Mariage avec Philippe d’Orléans :
 

Philippe d'Orléans, frère de Louis XIV, est devenu veuf à la mort d'Henriette d'Angleterre.

Anne de Gonzague de Clèves, tante par alliance d’Élisabeth-Charlotte, est bien introduite à la cour de France. Elle obtient le mariage de sa nièce avec le frère du Roi.

Le mariage d'Élisabeth-Charlotte de Bavière et de Philippe d'Orléans est célébré le 16 novembre 1671 après qu'elle ce soit convertie au catholicisme.

La princesse palatine est désormais appelée " Madame ".

 
A la cour de Louis XIV :
 

La belle-sœur du Roi surprend le milieu sophistiqué de la Cour de France par sa rusticité et son franc-parler.

Louis XIV cependant apprécie sa fraîcheur et son caractère direct. Il l'invite volontiers à ses parties de chasse auxquelles elle prend un grand plaisir. Le souverain et sa belle-soeur partagent un goût pour l'exercice physique et la vie au grand air qui les rapprochent.

Madame a une forte admiration pour le Roi ; certains diront même qu'elle en est amoureuse... 
Une mère de famille délaissée :
 

Deux enfants de la princesse palatine parviendront à l'âge adulte, Élisabeth-Charlotte d’Orléans et Philippe, duc de Chartres, futur Régent.

Progressivement Philippe d'Orléans délaisse son épouse au profit de ses favoris, dont le chevalier de Lorraine. Madame s'en plaint amèrement dans ses Lettres.
Deux sacs du Palatinat :
 

En 1674, puis en 1689, Louis XIV ordonne de terribles ravages dans le Palatinat. Incendies et pires atrocités se multiplient pour terroriser la population et faire ainsi pression sur l'Electeur pour le détacher de la coalition hostile à la France.

La princesse palatine est bouleversée par la mise à sac de son pays d'origine mais son statut à la Cour l'empêche de s'y opposer publiquement. Ses Lettres cependant soulignent sa détresse.
Elle tient Louvois pour responsable de la mort de son père et de son frère.
Dans les mémoires du duc de Saint-Simon :

 
« Madame tenait en tout beaucoup plus de l’homme que de la femme. Elle était forte, courageuse, allemande au dernier point, franche, droite, bonne et bienfaisante, noble et grande dans toutes ses manières, et petite au dernier point sur tout ce qui regardait ce qui lui était dû. Elle était sauvage, toujours enfermée à écrire hors les courts temps de cour chez elle ; du reste seule avec ses dames ; dure, rude, se prenant aisément d’aversion et redoutable par les sorties qu’elle faisait quelquefois et sur quiconque ; nulle complaisance ; nul tour de l’esprit quoiqu’elle ne manquât pas d’esprit ; nulle flexibilité ; jalouse, comme on l’a dit, jusqu’à la dernière petitesse, de tout ce qui lui était dû ; la figure et le rustre d’un Suisse, capable avec cela d’une amitié tendre et inviolable ». 

« Madame était une princesse de l’ancien temps, attachée à l’honneur, à la vertu, au rang, à la grandeur, inexorable sur les bienséances. Elle ne manquait point d’esprit, et ce qu’elle voyait, elle le voyait très bien. Bonne et fidèle amie, sûre, vraie, droite, aisée à prévenir et à choquer, fort difficile à ramener ; grossière, dangereuse à faire des sorties publiques, fort allemande dans toutes ses mœurs et franche, ignorant toute commodité et toute délicatesse pour soi et pour les autres, sobre, sauvage et ayant ses fantaisies ».
Au château de Saint-Cloud :
 

Amatrice de grand air la princesse palatine se plait beaucoup au château de Saint-Cloud, propriété de la famille d'Orléans, dans un site surplombant la Seine au milieu d'un parc de 590 hectares.

Malheureusement l'immense château ne dispose pratiquement pas de moyens de chauffage, ce qui oblige Madame, dès que le froid arrive, à se replier vers le Palais Royal à Paris où les nombreuses fêtes du duc d'Orléans et la proximité plus étroite des favoris lui sont pénibles.
La mère du Régent :
 

La duchesse d'Orléans ne peut éviter que son fils, le duc de Chartres, épouse l'une des filles légitimée de Louis XIV, Mademoiselle de Blois.

Ce projet scandalise la princesse Palatine qui ressent ce mariage avec une bâtarde comme une déchéance pour la famille d'Orléans. Elle fait jurer à son fils qu'il n'acceptera pas le mariage mais, face à la pression du Roi, le duc de Chartres cède. Furieuse sa mère lui administre une gifle retentissante devant les courtisans.

Après la mort de Monsieur en 1701, la duchesse douairière conserve son appartement à Versailles où elle mène une existence discrète durant la Régence exercée par son fils, devenu duc d'Orléans.

La princesse palatine meurt à Saint-Cloud le 8 décembre 1722.
Les lettres de la Palatine :
 

Depuis ses divers cabinets d’écriture, la duchesse d'Orléans expédie au moins 60.000 lettres (trois fois plus que Voltaire !) aux cours royales de Prusse, d’Angleterre, de Suède, du Danemark, d’Espagne et de Sicile, ainsi qu’à presque toutes les cours princières d’Allemagne et aux cours ducales de Lorraine, de Savoie et de Modène. Sa tante, Sophie de Hanovre, est sa principale correspondante.

Les lettres rédigées par la princesse palatine rapportent avec force détails des événements vécus ou observés et dessinent un tableau sans fard de son époque et des coulisses de la Cour de France.

Elle y fait part de ses antipathies, en particulier à l'égard de Madame de Maintenon (qu'elle qualifie de «crotte de souris», «sorcière» ou «vieille ripopée»), des favoris de Monsieur et des bâtards de Louis XIV.

Seuls 10% de ses lettres nous sont parvenues, ce qui constitue néanmoins un fonds considérable et foisonnant.
Les comtes palatins du Rhin :
 

Le titre de comte palatin du Rhin (Pfalzgraf bei Rhein) tire son origine de la dignité plus ancienne des comtes palatins de Lotharingie, à partir de 1064.

Les comtes palatins du Rhin sont également les premiers électeurs du Saint-Empire Romain Germanique avec la charge d'archi-sénéchal d'Empire, d'où leur nom d'électeur palatin.

En 1214 le titre revient à la maison de Wittelsbach avec Louis Ier de Bavière. Le grand-père d'Élisabeth-Charlotte perd son électorat au profit de son cousin, le duc de Bavière. Mais Charles-Louis Ier, père d'Élisabeth-Charlotte, parvient à obtenir pour lui un huitième électorat.

La princesse palatine est très fière de l'origine ancienne de sa famille et accepte difficilement le mépris dont les électeurs palatins font l'objet à la Cour de France. 

Le livre porte un intéressant dessin à la plume du XVIIIe siècle, avec la mention "Gayot".

Peut-être le nom d'un ancien possesseur ?
Sources :

> Wikipédia Élisabeth-Charlotte de Bavière 
 
> Château de Versailles 
 
> Le petit billet 
 
> blog.nationalmuseum.ch 
 
> Portrait de Rigaud 
 
> Sac du Palatinat 
 
> Christian Bouyer, La Princesse Palatine, Pygmalion 2005
 
> Pierre-André Jamin, La Palatine dans l’ombre de Louis XIV, Artena 2012


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