Ombres de mes livres

 

… où j’ai cherché à esquisser les silhouettes des 
premiers possesseurs de mes livres anciens.
 
 
 
Eusèbe-Jacques Chaspoux, marquis de Verneuil
(1695-1747)
Le livre :

Tragédies de Monsieur Campistron


A Paris, chez Pierre Ribou, 1715


Le fer du possesseur :



Ecu timbré d’une couronne de marquis :

« d'azur au pélican d'or dans son aire;
au chef cousu de gueules,
chargé de trois croissants montant d'argent »
Eusèbe-Jacques Chaspoux de Verneuil
(1695-1747)
Premier marquis de Verneuil
Baron de Roulet, comte de Loches

Conseiller ordinaire du Roi en ses conseils
Doyen des secrétaires de la
Chambre et du cabinet du Roi 


Introducteur des Ambassadeurs
et des Princes étrangers 


Quand l'héritier de la Gazette introduisait les ambassadeurs.
Héritier de La Gazette de Renaudot :
 

La Gazette est un périodique créé en 1631 avec l'appui de Richelieu par Théophraste Renaudot, médecin de Louis XIII. Le Conseil du roi accorde au périodique le monopole de l'information politique. La Gazette rapporte 15 000 livres par an à Renaudot dans les années 1640.

Un « privilège général » sans durée fixée mais révocable, est accordé à Renaudot qui peut le transmettre comme un bien propre à ses descendants. 

C'est ainsi que le privilège est conservé par son fils, Théophraste II, puis ses petit-fils François et Eusèbe Renaudot et ensuite par Eusèbe-Jacques Chaspoux de Verneuil (sa mère, Anne Renaudot, est la petite-fille du fondateur de La Gazette). 
Privilège de La Gazette :
 

En tant qu'héritier de Renaudot, Verneuil obtient en 1717 des lettres patentes du Roi portant privilège. 

Il l'utilise, entre autres, pour donner en 1732 une permission de trois années à Michel Bardinet, imprimeur à Limoges, pour « imprimer et débiter dans la dite ville de Limoges la Gazette de France et toutes les nouvelles extraordinaires qui s’imprimeront en cette ville de Paris au bureau d’adresse, le tout conformément aux copies qui lui en seront envoyées du dit bureau toutes les semaines »,  moyennant 100 livres par an.
Contrat de mariage :
 

Le 31 août 1720 Verneuil épouse Louis-Françoise Bigres, fille d'un Conseiller-secrétaire du Roi, payeur des gages au Grand conseil. Le contrat avait été établi précédemment le 17 avril 1719.
 


 





Le contrat est signé par le Roi, Elisabeth Charlotte, Princesse palatine, le Régent Philippe d'Orléans,  Marie Françoise de Bourbon, duchesse d'OrléansLouis d'Orléans, le cardinal de Noailles, Louis Phélypeaux de La Vrillière, le marquis d'Argenson, etc.
Introducteur des ambassadeurs :
 

Verneuil est Conseiller ordinaire du Roi en ses conseils. Il obtient en 1717 
la charge de Secrétaire de la chambre et du cabinet du Roi. Il semble même qu'il ait eu "la plume" permettant de signer les actes en imitant la signature du Roi.

De 1743 à 1747 il est l'Introducteur des ambassadeurs et des princes étrangers.

Il a ainsi à organiser le 11 janvier 1742 la première ambassade reçue dans la galerie des Glaces depuis la mort de Louis XIV : la réception de Mehemet Zaïd Effendy, Ambassadeur de l'Empire ottoman.

L’enjeu est de taille : l’alliance de la France avec la Sublime Porte. La guerre de succession d’Autriche, ennemi héréditaire de la France, a commencé.

L'Ambassadeur de l’Empire ottoman est accueilli suivant un rituel bien rodé : " À son entrée dans la galerie des Glaces, l’ambassadeur fait une première révérence, la main droite sur la poitrine. Le roi se lève sans se découvrir. L’ambassadeur fait une seconde révérence au milieu de la galerie, puis une troisième, arrivé au pied de l’estrade. "

La lettre du Grand vizir contient le soutien escompté par la France dans sa lutte contre l’Autriche. Cette alliance sera insuffisante pour retourner une situation militaire difficile.

Verneuil accueille aussi Carl Gustaf, comte de Tessin, Ambassadeur extraordinaire du roi de Suède.

Verneuil se démet de sa charge d'Introducteur des ambassadeurs en faveur de son fils au début de l'année 1743. 
Persiflages de Saint-Simon et Dufort de Cheverny :
 

Sa charge d'Introducteur des ambassadeurs a suscité de fortes réticences de la part de la Cour.
 
Saint-Simon s'en fait l'écho en indiquant que " son nom est Chaspoux, sieur de Croquefromage, celui de sa femme est Brigres : je n'ai pu retenir le ridicule de ces noms. ", le nom de Croquefromage étant inventé par le mémorialiste.

Dufort de Cheverny en rajoute : " Des méchants - car il y en a partout - surent qu'il avait à Loches tous ses parents, dont le plus huppé était boucher. On se rappela leurs différents noms ; les voila : Bigre, Chassepoux ". 

Les courtisans sont en fait irrités des airs de hauteur de Verneuil qui n'appartient pas à la haute noblesse.
Création du marquisat de Verneuil :
 

En 1720 Louis XV maintient la noblesse du seigneur de Verneuil en qualité d'écuyer sur production des titres de son père et de son grand-père.

En 1746 le Roi promulgue des lettres patentes " qui unissent la châtellenie de Verneuil, la vicomté
et châtellenie de Betz, la forteresse du Roulet, les châtellenies de Ste-Julitte, de St-Flovier, de Chaumussay, la seigneurie de l'Etang-lès-Betz, et les différents fiefs dépendant desdittes terres situées en Touraine près la ville de Loches, pour ne faire qu'une seule et même terre et seigneurie, et que en ordonnant l'érection en titre et dignité de marquisat sous la désignation de Verneuil en Touraine "
 en faveur d'Eusèbe-Jacques Chaspoux de Verneuil.

" Nous avons jugé ne pouvoir mieux faire connaître combien nous sommes satisfaits des services que nous a rendus et que doit nous rendre par la suite notre amé et féal sieur Eusèbe Jacques Chaspoux de Verneuil, notre conseiller ordinaire en nos conseils, secrétaire ordinaire de notre chambre et de notre cabinet, et cy-devant introducteur des ambassadeurs et princes étrangers en notre cour. "
Château de Valenton :
 
Le château de Valenton est construit pour Eusèbe-Jacques Chaspoux de Verneuil entre 1725 et 1740. Le château était agrémenté d'une cour, d'un jardin, d'un bassin, d'une fontaine et possédait une ferme.

L'édifice a été détruit et remplacé par un nouveau château au XIXe siècle ; il ne reste de l'ancien qu'une tourelle et une grille.
Château de Verneuil :
 

Le château de Verneuil-sur-Indre comprend d'une part les restes d'un château remontant au XVe siècle et d'autre part un château de style classique.

Le vieux château est acquis en 1660 par Jacques 1er Chaspoux. La construction du château neuf est effectuée aux alentours de 1750 à la demande de Jacques-Eusèbe et de son fils.

La partie du XVIIIe siècle présente les trois travées centrales de ses deux façades dominées par un dôme à quatre versants amorti par un lanternon.
La famille Chaspoux de Verneuil :
 

La famille est issue de Jehan Chaspoux, marchand à Loches en 1540.

Son fils Jehan II Chaspoux de la Piardiere (1581-1651) est Conseiller du Roi, Grenetier au grenier à sel de Loches, La Haye et Preuilly, Secrétaire ordinaire de la Reine régente. Il acquiert le château de Verneuil en Touraine le 18 mars 1643.

Son fils Jacques Chaspoux 1er, seigneur de Verneuil, est Conseiller d'Etat par brevet de 1649, Trésorier général de France au bureau des finances de Tours. Il épouse la cousine du père Faure, réformateur de l’abbaye de Sainte-Geneviève. De ce mariage, il a une fille, qui épouse le marquis de Champigny, Gouverneur des Îles du Vent, et un fils.

Jacques Chaspoux II sert comme lieutenant dans les gardes du corps de Monsieur puis du futur Régent, et épouse Claire Renaudot, petite-fille du fondateur de La Gazette. Il  est le père d'Eusèbe-Jacques Chaspoux, marquis de Verneuil. 
Sources :

Eugène Olivier, Georges Hermal, Robert de Roton : Manuel de l'amateur de reliures armoriées françaises, planche  2200

Bibliothèque du château de Boussay f
 
Dictionnaire de la noblesse 
 
François Moureau : Informer et diffuser la pensée dans la France du dernier siècle
de l’Ancien Régime
 
 
C18, Gazette de France 
 
Page Wikipédia Gazette 
 
Ambassade de 1742 
 
Dictionnaire d’Indre et Loire
 
Portrait par Rigaud 
 
Page Wikipédia Château de Verneuil 
 
Verneuil sur Indre 
 
Château du Roulet 
 
Château de Valenton 


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