Ombres de mes livres

 

… où j’ai cherché à esquisser les silhouettes des 
premiers possesseurs de mes livres anciens.
 
 
 

Juan Pedro Aladro Kastriota
(1845-1914)  
Le livre :


J.J. Rousseau, oeuvres complètes
Lettre à Mgr de Beaumont

Éditeur : [Paris Poinçot]  1792
L'ex-libris du possesseur :

Blason posé sur un manteau et surmonté d'une couronne royale.
Nom et devise en albanais.


Cet ex-libris inclut une photo de 
Juan Pedro Aladro Kastriota
surmontée des armes
du royaume d'Albanie,
et une photo de sa femme, 
Juana Renesse et Maelcamp,
une comtesse belge,
surmontée pour cela
des armes de la Belgique.
Le fer sur le livre :
 

 
C’est probablement Aladro qui a fait réaliser ce fer. On trouve en effet d’autres ouvrages ayant à la fois ce fer et cet ex-libris, et les deux comportent l’aigle.
 
Il peut sans doute se blasonner ainsi :
 
«  Parti, au 1 : de gueules à l’aigle de sable ; au 2 fascé d’or et d’azur »
Juan Pedro Aladro Kastriota 
Nom de naissance : Juan de Aladro de Perez y Valasco 
(Jerez de la Frontera 8 mai 1845 - Paris 17 février 1914)

 
Diplomate espagnol
 
Propriétaire de domaines viticoles
 
Prétendant au trône d’Albanie
 

Commandeur de l’Ordre royal de Charles III 
Chevalier de l'Ordre du Saint-Sépulcre de Jérusalem


Quand le vigneron de Jerez prétend au trône d’Albanie
Héritier de domaines viticoles de Jerez :
 

Les origines de la famille Domecq remontent à 1385 dans le Béarn, où apparaissent les premiers écrits dans lesquels les Domecq de la Verguerie de Usquain sont cités comme l'une des plus anciennes familles de la région. les Domecq installent une première cave à Jerez en 1730. Au XIXe siècle ils sont devenus l'un des principaux producteurs de Xérès.

Juan Pedro Domecq Lembeye (1824-1869 ; photo ci-contre) a une liaison avec Isabel Aladro Perez, dont nait un fils, Juan de Aladro de Perez y Valasco, qui plus tard prendra le nom de " Juan Pedro Aladro Kastriota ".

Trois ans avant sa mort, son père le reconnaît en faisant de lui un héritier universel de son immense fortune.
Le diplomate :
 
Aladro a étudie le droit à Séville. Il parle huit langues (français, allemand, anglais, italien, espagnol, russe, albanais et basque). 

En 1867, il entre dans les services diplomatiques et part en mission à Vienne, Paris (1869), Bruxelles (1870), La Haye (1872), Bucarest.

Il atteint le sommet de sa carrière sous le règne d’Alphonse XII. Après la mort du roi il se retire à Paris.
Georges Kastriota Skandenterg :
 

Georges Kastriota Skandenterg (1405-1468) est un seigneur albanais considéré comme le héros national albanais pour sa résistance à l'Empire ottoman. Il a déclaré l'indépendance de l'Albanie en 1443, hissant son drapeau rouge à l'aigle noir.

La princesse Kastriota, héritière directe en ligne de sa maison et de son nom, était basée à Cadix au XVIIIe siècle et avait épousé l’arrière-grand-père maternel d’Aladro. Cette femme se serait présentée à Aladro dans un rêve et lui aurait dit : « combattez pour la libération de l’Albanie et vous deviendrez son roi ! ».

Aladro utilise cette ascendance pour justifier ses prétentions royales.
Prétendant au trône d’Albanie  :
 

Au cours de ses tournées diplomatiques Aladro s’intéresse à la cause albanaise et commence à publier des brochures dans toute l’Europe et la Méditerranée : à Bruxelles, Alexandrie, Athènes, Naples, Venise, Bucarest, etc.

Il contribue financièrement à la première école albanaise de Korçë, avant qu’elle ne soit fermée par les autorités ottomanes. 

Aladro est en contact avec les Rilindas albanais et reconnu par certains d’entre eux comme l'héritier légitime pour un futur trône de l’Albanie indépendante. Il se rend en Sicile et en Calabre où il contacte les notables d’Arbereshe afin de soutenir sa cause.

Vers 1900 Aladro prend des mesures concrètes en direction du trône. Il fonde un prix littéraire et finance un club étudiant albanais à Bucarest. Il publie à Bruxelles une carte géographique de l’Albanie et assiste financièrement le journal La Nazione Albanese. Il envoie Visko Babatasi comme émissaire en Albanie pour distribuer de l’argent, des revolvers et des cartes postales avec sa photo et le drapeau albanais, au point que les autorités ottomanes interdisent la distribution de cartes postales.

En 1913, le Congrès albanais de Trieste discute du nom du futur prince. Aladro est l’un des candidats et obtient un certain soutien. Mais les grandes puissances n’aiment pas un candidat catholique pour le trône en raison de la nature religieuse mixte de l'Albanie. Elles craignent qu'il s'oppose aux communautés non-catholiques.

 

Carte postale de 1908
Soutien de la cause basque  :
 

Outre l'Albanie, Aladro manifeste son appui à la cause des basques en déclarant que ses ancêtres viennent en partie de la région de Bidania. Il est particulièrement attaché à la langue basque qu'il parle parfaitement.

Il collabore pendant quelque temps avec le journal basque Euskal Erria , terminant ses articles toujours par la phrase: Euskalerria aurrera! Shkiperia perpara! ("En avant Euskal Erria! En avant l'Albanie!"). 


 
Retraite à Paris :
 

Après avoir quitté la diplomatie Aladro vit le plus souvent à Paris.

Il se marie en 1912 à La Teste-de-Buch avec une comtesse belge, Juana Renesse y Maelcamp.

A Paris il vit des revenus de ses domaines de Jerez et dirige une compagnie de chemin de fer.

Aladro meurt dans un hôtel de la place Lamartine en 1914. Il était titulaire de nombreuses décorations, entre autres :
 
•             Chevalier de l’Ordre du Saint-Sépulcre
•             Chevalier Grand-croix de l’Ordre d’Isabelle la Catholique
•             Commandeur de l’Ordre de Charles III
•             Grand-Croix de l’Ordre de l’Étoile de Roumanie
•             Grand-Croix de l’Ordre de Saint-Alexandre de Bulgarie
Le palais Domecq à Jerez :
 

Le Palais Domecq est une demeure seigneuriale typique de Jerez de la Frontera, de style baroque, construite en 1778. Le palais est acheté en 1855 par Juan Pedro Domecq Lembeye, le père d'Aladro. 

Aladro y possède une somptueuse bibliothèque de plus de treize mille volumes et d'innombrables œuvres d'art. Il aménage une remarquable écurie de chevaux de course derrière le palais. 

A sa mort il laisse une fortune de 2.066.420.889 escudos, son palais et de nombreux domaines et maisons.
Sources :

> Juan Pedro Aladro Kastriota sur Wikipédia anglais  
 
> Juan Simo Jerez : El increíble Juan Pedro Aladro Kastriota
 
> Juan Pedro Aladro Kastriota sur gipuzkoa.net 

> Page Wikipédia Principauté d'Albanie 
 
> Page  Wikipédia de Georges Kastriota Skandenterg

> Palais Domecq
  
> José López Romero : El jerezano Juan Pedro Aladro Kastriota Príncipe de Albania

Les textes et documents utilisés dans cet article proviennent des sources mentionnées ci-dessus. Je me suis efforcé de n’utiliser que des éléments qui font l’objet d’une diffusion publique mais, s’il apparaît à l’un des propriétaires de textes ou d’images que j’enfreigne ses droits, je le remercie de le signaler ; cela sera retiré immédiatement.



Créer un site
Créer un site