Ombres de mes livres

 

… où j’ai cherché à esquisser les silhouettes des 
premiers possesseurs de mes livres anciens.
 
 
 
Émile Loubet, président de la République
(1838 – 1929)
 













Le livre : 

Catalogue général officiel
de l'Exposition universelle
Paris 1900

Edition Lemercier, Paris





 
Ce tome V (électricité) du Catalogue officiel de l'Exposition universelle a été revêtu d'une somptueuse reliure en maroquin rouge de Léon Gruel, relieur habituel du gouvernement, aux armes de la République française.
Le monogramme au bas du dos est très probablement celui d'Émile Loubet du fait de la similitude avec son monogramme habituel. Mais, sauf erreur, aucune reliure connue ne porte un monogramme strictement identique. 
Le fer du possesseur :
 
Le livre, aux armes de la République,
porte un monogramme très proche de celui
utilisé habituellement par le président de la République.


Émile Loubet
(Marsanne, 30 décembre 1838 – Montélimar, 20 décembre 1929)


Maire de Montélimar
Député de la Drôme

Ministre des Travaux publics
Ministre de l'Intérieur
Président du Conseil des ministres
Président du Sénat

Président de la République

Le huitième président de la République française
Le maire de Montélimar :
 

Émile Loubet est issu d'une famille d'agriculteur de la Drôme. Son père était maire de Marsanne.

Il s'inscrit au barreau de Montélimar en avril 1865. En décembre 1868 il entre au conseil municipal de Grignan. 

Émile Loubet est élu maire de Montélimar le 29 septembre 1870. Il garde son mandat jusqu'à son élection comme président de la République.
Le député de la Drôme :
 

Émile Loubet est conseiller général de Marsanne, de Grignan puis de Montélimar. En août 1880 il devient président du conseil général de la Drôme.

Il est élu député de la Drôme le 20 février 1876 et siège à gauche de l'hémicycle de l'Assemblée nationale. 

Il fait partie des 363 députés du « Bloc des Gauches » qui votent en 1877 la défiance au gouvernement d'ordre moral du duc de Broglie.

Il reste député jusqu’à son élection comme sénateur de la Drôme.
Le président du Sénat :
 

Émile Loubet est élu en janvier 1885 au Sénat où il fait une longue carrière.

Inscrit au groupe de la gauche républicaine, il exerce différentes fonctions dans l'assemblée : Secrétaire, rapporteur général du budget, président de la commission des Finances.

Le 1er janvier 1896 Émile Loubet devient le président du Sénat.
Le président du Conseil :
 

Le sénateur Loubet est chargé du portefeuille des Travaux publics en 1887 dans le ministère présidé par Pierre Tirard.

Il devient président du Conseil des ministres du 27 février au 28 novembre 1892.

Il cumule son poste de président du Conseil avec la fonction de ministre de l'Intérieur qu'il conserve jusqu'au 11 janvier 1893.
Le président de la République :
 
La mort subite de Félix Faure ouvre la course à la présidence de la République dans un climat tendu par l'affaire Dreyfus.

Émile Loubet est élu président de la République par le Congrès réuni à Versailles le 18 février 1899 par 483 voix contre 279 à Jules Méline.

Durant son septennat le président respecte strictement la constitution en se cantonnant à ses fonctions de représentation où il excelle. Mais il agit par influence, par persuasion et par conseil.

Sa femme ne l'aide pas vraiment dans son rôle protocolaire. Elle multiplie les gaffes comme lors de la réception en l'honneur du nouveau roi Édouard VII du Royaume-Uni où elle dit à ce dernier, en parlant de son fils, héritier du trône (le futur George V) « Et ce grand garçon, qu'est-ce que vous allez en faire ? » !
L’attentat d’Auteuil :
 

Immédiatement après son élection le nouveau président est menacé.

Lors des funérailles de Félix Faure, Paul Déroulède tente sans succès de faire un coup d'État pour renverser la Troisième République. Il essaye en effet de faire tourner bride au général Roget et à l'escorte militaire funéraire  pour prendre l’Élysée.

Dans un contexte de violente agitation nationaliste le président Loubet est personnellement agressé par le baron Christiani à la tribune de l'hippodrome d'Auteuil. Le baron se jette sur lui et, d'un coup de canne, écrase son haut-de-forme. A la suite de cette bagarre le cabinet Dupuy doit démissionner.
L’affaire Dreyfus :
 

A l'époque de la prise de poste du président Loubet l'affaire Dreyfus déchire la France.

Son adversaire à l'élection, Jules Méline, est antidreyfusard. Émile Loubet n'a jamais exprimé d'avis sur l'affaire. Il est resté systématiquement neutre. Cette position le fait être soutenu par les dreyfusards, dont Clémenceau.

Condamné de nouveau par le tribunal militaire, lors du procès de Rennes, le capitaine Dreyfus est gracié le 19 septembre 1899 par le président Loubet.
Les lois associations et séparation des églises et de l’Etat :
 

Deux lois majeures vont marquer le septennat du président Loubet.

La loi du 1er juillet 1901, mise en place par Waldeck-Rousseau, consacre le droit de toute personne de s’associer sans autorisation préalable. Les seules limites concernent « un objet illicite, contraire aux lois, aux bonnes mœurs, ou qui aurait pour but de porter atteinte à l'intégrité du territoire national et à la forme républicaine du gouvernement ».


La loi de 1905 concernant la séparation des Églises et de l'État est adoptée à l’initiative d'Aristide Briand. Elle abroge le concordat de 1801.

Elle avait été précédée par la visite à Rome en 1904 du président Loubet au roi d'Italie Victor-Emmanuel III qui entrainera la rupture des relations diplomatiques avec le Vatican.
L’Exposition universelle de 1900 :
 

L'Exposition universelle de 1900 est la cinquième organisée à Paris.

Elle est inaugurée le 14 avril 1900 par le président Loubet et se termine le 12 novembre. Elle accueille plus de 48 millions de visiteurs. 40 pays y participent, avec 83 047 exposants dont 38 253 français.

Le Petit et le Grand Palais sont construits pour l'Exposition. La 1ère ligne de métro, la gare d'Orsay et l'actuelle gare de Lyon ouvrent à cette occasion.

Le président convie l'ensemble des maires de France à un banquet de 22 965 convives dans le jardin des Tuileries.
L’activité diplomatique :
 

Le septennat est marqué par une intense activité diplomatique avec d'une part l'alliance franco-russe – le président reçoit Nicolas II en septembre 1901 et se rend en visite officielle en Russie en 1902 - et d'autre part la deuxième Entente cordiale avec le Royaume-Uni en 1904.

Loubet améliore aussi les rapports tendus avec l'Italie, avec laquelle il signe en 1900 un accord qui reconnait les intérêts italiens en Libye en échange de la reconnaissance du protectorat français sur le Maroc. 

Le président reçoit aussi le roi de Grèce, le shah de Perse, le roi des Belges,  le bey de Tunis, le roi du Portugal et le prince régnant de Bulgarie.
L’attentat contre le roi d’Espagne :
 

Le 31 mai 1905 Émile Loubet  échappe à un attentat visant le roi d'Espagne Alphonse XIII en visite à Paris.

Deux bombes à main sont lancées devant la calèche du roi et du président près du Louvre à l'angle de la rue de Rohan et la rue de Rivoli.

Le roi et le président sont indemnes mais dix-sept personnes sont blessées. L'auteur, un anarchiste espagnol, ne sera jamais arrêté.

 
La fin du mandat et la retraite :
 

La fin du mandat présidentiel est difficile (rupture des relations avec le Saint-Siège en lien avec la politique anticléricale d’Emile Combes qu’il désapprouve). 

Premier président de la IIIe République à avoir accompli un mandat complet, Émile Loubet ne souhaite pas se représenter et se retire définitivement de la vie politique à l'issue de son mandat, le 18 février 1906.

Il renonce à la politique en déclarant :
« Je ne serai ni sénateur, ni député, ni même conseiller municipal. Rien, rien, absolument rien. ».
Le château de La Bégude-de-Mazenc :

L'ancien président se retire dans son château de La Bégude-de-Mazenc, commune proche à l'est de Montélimar. Il l'avait acquis en 1903 pour en faire sa résidence d'été.

Il s'agit d'une ancienne maison forte médiévale qui a été transformée au XVIIe siècle.

Des travaux ont été réalisés au tout début du XVIIIe siècle pour donner au château son aspect actuel.

C'est dans ce château que le président Loubet vit ses dernières années avant de s'éteindre à l'âge de 90 ans, ayant refusé les obsèques nationales.
Sources :

Page Wikipédia Émile Loubet?
 
> Article Dauphiné libéré dans Gallica 

> Fiche biographique de l'Elysée
 
> Photos Roger Viollet 
 
> Archives du Sénat 

> Familles Loubet
 
> Attentat Alphonse XIII 

> Le château Loubet 


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