Ombres de mes livres

 

… où j’ai cherché à esquisser les silhouettes des 
premiers possesseurs de mes livres anciens.
 
 
 
Chanoine Louis-Joachim-Elisabeth Cochu de la Grange
(~1755 – 1817)
Le Livre : 

Président Hénault

Nouvel abrégé chronologique
de l'histoire de France


à Paris - 1768
 

Le chiffre du Collège de Plessis-Sorbonne :

Monogramme " PS "



Fondé à Paris au début du XIVe siècle par Geoffroy du Plessis sous le nom de Collège de Saint-Martin-au-Mont, il fut uni à la Sorbonne par Richelieu et fut dès lors appelé le Collège du Plessis-Sorbonne.
L'ex-praemio du Collège de Plessis-Sorbonne à l'élève, en classe de rhétorique,
Louis-Joachim-Elisabeth Cochu de la Grange


 
Louis-Joachim-Elisabeth Cochu de la Grange
(né vers 1755 – mort à Paris le 9 mai 1817)


Chanoine-prêtre de l'église de Paris
Le chanoine et ... ses deux enfants !
Chanoine-prêtre de Notre-Dame :

Je n'ai pas retrouvé la famille de Louis-Joachim-Elisabeth Cochu de la Grange. Il était peut-être parent de Joachim Cochu (1704-1769), avocat au Parlement, écuyer, notaire et secrétaire de la Cour, père de Joseph-Félicité Cochu (1739-1821), avocat au Parlement et au Conseil du roi. Toute précision serait bienvenue ; merci de me contacter.

Les almanachs royaux indiquent que Louis-J
oachim-Elisabeth Cochu de la Grange est « prêtre chanoine » de l'église de Paris à partir de 1776.
 
Il fait partie des 51 chanoines qui assistent Mgr de Juigné, archevêque de Paris. Les chanoines vivent pour la plupart dans le vaste enclos des chanoines entre Notre-Dame et la Seine (carte sur le plan de Turgot) où ils disposent de maisons particulières.

Le chanoine Cochu de la Grange habite la première maison à gauche après avoir franchi la Grande porte, dite "le Fief du Poirier". Son confrère, le chanoine Papin, habite chez lui pendant quelque temps.

Le chanoine Cochu est fortement endetté (on parle de créances chez un limonadier, un bonnetier, un épicier, ...) et sa maison a une "indigestion d'hypothèques". Les ennuis d'argent de ce joueur effréné l'obligent à quitter le cloître des chanoines pour habiter au 3 rue Chabanais, non loin du Palais royal.

Charles Lefeuve ironise : « Louis-Joachim-Elisabeth Cochu n'était sans doute pas la perle du chapitre; il avait plus de dettes probablement que tout autre chanoine au commencement de la Révolution. »
 
L’arrestation pour dette de jeu au Palais royal :

A la fin du XVIIIe siècle les arcades du Palais royal deviennent, sous la protection du duc d'Orléans, le lieu de clubs de jeux forcenés malgré les règlements de Louis XVI. 

Durant le carnaval de 1785 un évènement occupe la chronique des journaux de l'époque : Le chanoine Cochu de la Grange perd au jeu sur parole une somme énorme qu'il est totalement incapable de rembourser. L'archevêque de Paris réagit en le faisant arrêter chez Mme Dubois au Palais royal par un exempt de police qui intervient de façon publique et brutale et l'emporte dans un voiture de l'archevêché.

Le 14 février le doyen du chapitre reçoit un billet du préfet Lenoir ainsi conçu : 
« J'ai l'honneur de vous informer, Monsieur, qu'il vient de m'être adressé des ordres du Roi, expédiés par M. le baron de Breteuil, pour exiler M. l'abbé Cochu dans la maison des Cordeliers de l'Isle Bouchard. Je vous prie d'autoriser l'officier de police, porteur desdits ordres, à en suivre l'exécution. Signé: Lenoir. »

Le chanoine est enfermé dans le couvent des Cordeliers de L'Île-Bouchard (actuellement dans l'Indre-et-Loire) établi sur la base d'une chapelle priorale du XIIe siècle et agrandi au XVIIe siècle.
À la fin du XVIIIe siècle le couvent accueille, outre les moines, des pensionnaires volontaires ou placés par décision de justice.

Le chanoine Cochu de la Grange restera enfermé à L'Île-Bouchard jusqu'à la Révolution tout en conservant son titre de chanoine de Paris ; il est simplement noté comme absent aux chapitres généraux avec cette mention « jussu regis ».
Les deux enfants du chanoine :

L'arrestation du chanoine met en lumière sa vie privée. Les "Mémoires secrets pour servir à l'histoire de la république des lettres en France" publient l'article suivant :

« 27 Mars 1785 : On sait aujourd'hui que le chanoine Cochu est enfermé dans une maison de cordeliers auprès de Tours : cet événement a fait découvrir un nouveau scandale de sa part. Une madame des Fontaines qui a un enfant de sa façon , réclame de sa famille la pension qu'il faisoit à cette maîtresse pour son bâtard , & elle craint bien malheureusement de ne la point obtenir. »

Durant la Révolution le prêtre défroque, se qualifie de "pensionnaire" et prend bien soin de retirer la mention "de la Grange" de son nom.

Le 20 juillet 1794 il déclare à Versailles la naissance de sa fille Adèle. L'officier public a d'abord noté la mère, Marie-Angélique-Jeanne Jobert, comme son épouse mais raye cette mention sur l'acte.

Louis-Joachim-Elisabeth Cochu meurt paisiblement à Paris sous la Restauration le 9 mai 1817.

Sa fille Adèle lui survit et se marie en 1833. Quant à l'enfant de Mme des Fontaines je n'ai rien retrouvé sur lui. 

 

Acte de naissance d'Adèle Cochu, 20 juillet 1794 
Sources :

> Almanach royal 1786 

Cloître Notre-Dame de Paris

Couvent des Cordeliers de L'Île-Bouchard
  
> Mémoires secrets 25/02/1785

> Mémoires secrets 27/03/1785 
 
> Palamède 
 
> Le chapitre de Notre Dame de Paris en 1790 
 
> Paris pittoresque/rues 
 
> Gallica Cochu de la Grange 

> Charles Lefeuve : Les anciennes maisons de Paris, volume 4, page 61


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